29 oct. 2014

La fièvre des changements de constitutions

Un peu partout en Afrique on parle de changer la constitution régissant les institutions nationales et la vie de la république en vue de permettre aux présidents sortants de se représenter. On en a parlé par le passé, on en reparle aujourd'hui. Presque tous les pays affrontent cette réalité. Pourquoi cela? 
1. Immaturité politique. Les lèchès-bottes montent au créneau pour démolir la charte qui fait semblant d'assurer la cohésion nationale. "Aucune constitution au monde n'est inchangeable" crie-t-on à tue-tête. Leur majorité à l'Assemblée assurer l'assise "légale" pour revendiquer la modification de la constitution. Le simple fait d'évoquer ce changement relève de la faiblesse institutionnelle et de l'immaturité politique. La maturité est un état d'âme qui s'acquiert à force d'échanger des expériences avec d'autres vivants.
2. Survie biologique. Au Burkina Faso Blaise Compaoré par ses adeptes ou alliés suggère que soient modifiés quelques articles sur la limitation des mandats afin qu'il puisse se représenter. Il est monté au pouvoir de la manière connue de tous, en remplacement du charismatique Thomas Sankara. Il a été soupçonné d'avoir tué son ancien ami et colistier; mais du fait qu'il détient le pouvoir, il a réussi à influencer la justice pour qu'elle brouille toutes les pistes. Osez parler de justice "égale" pour tous. La mort de Sankara enterré dans une fosse commune est demeurée énigmatique, inexpliquée. Dès qu'il quittera le fauteuil présidentiel, cette question resurgira à la surface. L'assassinat de Norbert Zongo remontera à la mémoire. Quitter le pouvoir pour le président burkinabé qui a voulu "rectifier" la révolution de Sankara revient à un suicide auquel il ne saura résister. La meilleure solution pour lui, c'est de garder le pouvoir le plus longtemps possible, jusqu'à la mort s'il le faut. Ainsi en est-il de tous les autres autocrates africains tels les Kagame, Museveni, Mugabe, Sassou-Nguessou, etc. Ils disposent des puissants moyens financiers, médiatiques, militaires et terroristes pour asseoir leurs ambitions dictatoriales. Ainsi, on leur taille des "constitutions sur mesure" en dépit de l'existence d'une Opposition officielle. Si la pression populaire n'avait pas été forte, Chiluba aurait assurément obtenu un ou deux mandats supplémentaires.
3. Surestimation de l'individu-président. Ses partisans font de la surenchère en surestimant les capacités de l'intouchable président. De fait, ils en font un président à vie pris entre l'enclume et le marteau. Pour arriver à cette fin, on l'affuble de surcapacités, d'héroïsme et d'autres qualités humaines qui le mettent au-dessus des communs de mortel. On en fait le sage, le timonier, le leader charismatique contre espèces sonnantes et trébuchantes. Le président gouverne en corrompant sans honte à coups de millions ses sujets et ses collaborateurs immédiats cupides et avides d'enrichissement, dont la mission est d'assurer sa pérennité. Comme l'argent du pays constitue sa trousse financière personnelle, il va y recourir pour s'assurer la réélection avec le concours des médias, des forces de l'ordre et militaires. Ses adhérents lui trouvent des qualités extraordinaire et le propulsent sur le devant de la scène sans que ce dernier n'y acquiesce.

En RDC, en RC, au Cameroun, un peu partout on en parle. Quoique certains pays comme le Sénégal, le Ghana, le Nigeria, l'Afrique du Sud ou le Botswana soient en avance dans ce domaine, la plupart des pays africains démontrent, rien qu'en y pensant, la fragilité et l'instabilité de leurs institutions. Ne pensez-vous pas que j'ai raison lorsque je clame haut et fort que la démocratie n'est pas pour les Africains? On dirait que nous sommes viscéralement anti-démocratiques, corrompus par nature, incapables d'obéir au jeu politique de la majorité.

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