La violence prend des formes insolites, inattendues, horribles. Une religieuse ougandaise qui a fondé une école de couture pour des filles violées ou enrôlées par la LRA de John Kony, a raconté à la BBC des récits à vous donner des cauchemars. Elle encadre depuis sept une jeune femme qui, pour survivre ou sauver sa vie, a été forcée de tuer sa propre soeur, car de l'aveu des assaillants, il fallait absolument qu'elle le fasse. Ce que j'ai admiré chez la religieuse, c'est son sens de réalisme. "Vous ne pouvez pas résoudre le problème d'une telle personne en un jour ni en une semaine. C'est un long et patient accompagnement qu'il faut prodiguer. En livrant le secret de son coeur meurtri, la personne se guérit elle-même de ses plaies, se relève très lentement de ses frustrations enfouies en elle." L'accompagnement thérapeutique exige de la part du conseiller et de son protégé écoute et silence, confidence et sécurité intérieure. Le défi à relever consiste à ramener des sentiments humains dans une âme vidée de sa substance vitale et humaine.
La violence psychologique est très résistante à surmonter une fois qu'on l'a subie. On se questionne continuellement sur son être, sur le sens de sa vie. On se méfie du voisin, on perd sa conscience et le sens de la responsabilité. On se dit "pourquoi ceci est arrivé à moi?" à défaut de criminaliser les autres. On est réduit à sa plus simple expression: "suis-je encore une personne humaine?". Elle vous suit toute votre vie, vous vous réveillez en sursaut comme si le crime venait d'avoir lieu en l'instant même. Les atrocités reviennent à la conscience malgré l'effort entrepris pour les oublier. Je m'arrête là, et mon ami Jean-Marie Matutu pourra compléter la suite pour moi.
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