15 févr. 2015

La mort de Firmin et la tragédie des Ndikita

9 février 2014. J'apprends par un sms de G. Ilenda la mort de Firmin Ndikita. Paix à son âme! J'appelle Léa, sans succès. Le numéro que je possède n'est plus en service. J'essaie d'appeler quelques autres membres de la famille, en vain. C'est finalement Pascaline qui me confirme la nouvelle. Il est mort de suite d'une opération chirurgicale qui n'a pas réussi. De quoi? Comment? Autant de questions sans réponses. Des onze enfants Ndikita, il n'en reste aujourd'hui que quatre en vie: Léa, Déo, Gaby, Kwemumwena et Khumba. Autant dire une tragédie familiale! Samedi 14 février, je reçois un message d'Anaclet Muntaba sur Facebook: "Bjr Mbuta; Le petit Ndikita Firmin est mort, et le corps sort aujourd'hui."
La famille Ndikita, c'est ma famille, c'est notre famille. Nous avons toujours vécu ensemble depuis septembre 64 suite à notre mutation de Mutoni pour Makiosi. Nos familles une fois jointes ne se sont plus séparées. C'est avec les Ndikita que nous avions effectué en juillet 65 notre premier voyage pour Kenge. Eux possédaient déjà une parcelle sur rue Lac Mwero. Je garde un bon souvenir de cette maison-là car j'y étais reçu comme un petit prince lorsque je fus écolier à Kenge entre 65-67. Papa Gaby fut le parain de baptême de mon frère Donatien. Célestin a été mon frère-ami le plus proche à Kenge; et même à Kalonda, nos relations sont restées solides bien qu'étant dans des classes différentes. En l'absence des Kayolo, leur maison du camp ONL était devenue mon pied-à-terre à Kenge. Et nos familles ont toujours vécu ensemble, solidaires dans la joie comme dans la peine.
Aujourd'hui, Célestin, Godé, Mokilipasi, Odette, Augustin, ... et Firmin sont partis ad patrem dans des conditions parfois tragiques. Paix à leurs âmes! Je n'oublierai jamais ma toute dernière conversation avec Papa Gaby et Ma Madi à Ngaba en 2003. A cette époque, il était question de retrouver les traces de Célestin disparu à l'étranger. Il aurait déclaré des vérités très bouleversantes à ses parents: "Vous exterminez vos enfants. Eh bien, à partir d'aujourd'hui, ne me comptez plus comme votre fils. Et vous ne m'aurez pas." Papa Gaby, dont l'âge était assez avancé, avait des trous de mémoire. Il a réussi à articuler, dépité: "J'élève un enfant, je le nourris, je le mets à l'école, je fais tout pour lui. Comment pourrais-je le tuer? Aujourd'hui c'est moi le sorcier". J'avais essayé d'adresser des e-mails à plusieurs endroits pour le localiser; personne de mes contacts n'avait des traces de Célé. On le disait en Angola, en Afrique du Sud, en Europe, au Canada. Puis un jour arriva la nouvelle de sa mort en Namibie. Les enfants Ndikita ont eu un bizarre destin, causant de dures épreuves à leurs parents et famille étendue.
Ngundu est mort très jeune de maladie. Le cas le plus intriguant est celui de Mokili. En 79, ce dernier fut impliqué dans la tuerie d'un magasinier de Santos. Une obscure histoire de multiplication magique d'argent. Kenge passa des jours terribles en juillet-août 79: la tension était tellement forte à Kenge que j'avais dû une fois passer la nuit à Kiwana plutôt que de traverser le camps militaire pour entrer dans la cité. Entassés dans un véhicule militaire, les prévenus assassins étaient promenés à travers la cité, montrés au public sous les huées de toute la cité. Je vis Mokili, nos yeux se croisèrent: il était tête rasée, gonflée à la suite des tortures des soldats. Ce regard-là fut le dernier que j'eusse échangé avec mon cousin. Parti juste après pour Rome, j'appris de Séraphin Kiosi qu'il était interné au centre pénitencier de Makala. A sa sortie quelques années plus tard, il a pris le chemin d'Angola. Devenu un prosper homme d'affaires, il a fait appel à ses autres frères et sœurs pour qu'ils le rejoignent en Angola. Il m'avait téléphoné plus d'une fois à Enney en Suisse pour que je lui facilite quelques démarches, peu avant les morts tragiques d'Odette, Augustin à la suite d'un accident, d'un naufrage (?). C'est ce qui aurait justifié la désertion volontaire de Célestin accusant leurs parents de sorciers.
Venons-en à Firmin qui vient d'être enterré. Je garde de lui le souvenir d'un jeune homme posé, calme et très poli. Serviable, il avait souci d'aider les autres. Malheureusement, lui non plus n'a pas connu un parcours serein. Sa vie était assez mouvementée. On l'a accusé de malversations financières qui lui ont valu quelques mois de détention en prison. Avait-il oui ou non commis ces délits? Dieu seul est son juge. Soit, c'est la vie. J'ai entretenu des contacts e-mails avec lui il y a quelques années. Je m'unis à la douleur de la famille, et de tous ceux et celles qui pleurent Firmin. Que Dieu le reçoive dans son Royaume céleste!
Prions tout spécialement pour Maman Marguerite et ses enfants encore vivants.
Wenda mboti Firmin.
C



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