6 nov. 2018

Adieu Ali Bongo (1959-2018)

C'est désormais officiel. Comme annoncé par l'ambassadeur Flavien Enongoué, le président Ali Bongo a tiré sa révérence à Riyad. Paix à son âme! Des photos de sa chute ont circulé, tellement circulé qu'on en est arrivé à demeurer critique. Les rumeurs en tous sens et spéculations farfelues qui ont longtemps fait l'objet de doutes sont aujourd'hui confirmées. On le disait tantôt à Londres, tantôt en France. On a dit qu'étant musulman, il aurait dû être enterré le même jour ou avant le coucher du soleil. Personnellement, j'ai plus d'une fois cherché la vérité en ligne par une voie plus sérieuse que les "on dit" incontrôlables des réseaux sociaux.
Pourquoi tant de spéculations autour d'une mort? Non, Bongo n'est pas n'importe qui. Il est président de république. Des millions de vie dépendent de son pouvoir, de son oui ou de son non. Bongo, c'est un homme politique qui a scellé le sort du Gabon à son destin personnel. Bongo n'est pas un homme comme un autre. Il est un leader respecté, adulé, élu démocratiquement, combattu par ses opposants qui ne rateraient jamais une occasion pour le cibler, l'accabler de tous les méfaits du Gabon. En plus, il est fils du feu patriarche Omar d'heureuse mémoire. Pourquoi tant de spéculations? Tu parles toi aussi. 
La course au pouvoir a commencé dès l'annonce de son malaise. Qui doit lui succéder? Une femme à ce qu'on dit. Selon la constitution. Tant mieux, car le leadership pourrait enfin changer de main dans ces pays parfois trop macho. Ce qui justifie le long silence du gouvernement. Ce qui justifie pourquoi la TV camerounaise qui a la première annoncé cette mort a été interdite de diffusion pour six mois sur le territoire gabonais. Quelle décision prendra-t-on maintenant que l'honorable président est effectivement mort. Aux dires de SE Enongué, il est mort le 31 octobre. 
Les présidents étant des personnages souvent controversés, leur mort est à la fois un motif de pleurs pour leur timonier et de satisfaction pour leurs opposants qui n'attendent que cette aubaine pour sauter sur le pouvoir. Tandis que les uns souhaitent sa pérennité au vu des bénéfices et privilèges qu'ils tirent de la présidence, d'autres attendent fermement ce jour espérant enfin respirer et jouir de leur liberté confisquée. Les opinions varient selon qu'on aime ou déteste le leader-président. Les lèches-culs sont consternés ou revoient leur copie de trahison alors que les ennemis politiques et les combattants du régime jubilent. Le président en Afrique, je ne cesserai de le dire, n'est pas un individu, mais un système d'intérêts et de pouvoirs. Qu'il l'accepte ou pas, il a du sang des innocents sur les mains. Ce règlement de compte est souvent craint. D'où le désir impératif de s'éterniser aux commandes du pouvoir ou de s'assurer une après-présidence protégée, une retraite dorée sans vraiment perdre le contrôle de la situation. Voilà Biya de nouveau prêtant serment au Cameroun le jour même où on annonce la mort d'Ali Bongo. Le vieux Mugabe écarté par son armée en est encore à se mordre les doigts.  Que nous réserve le Gabon après Ali Bongo? Le gouvernement va sûrement organiser des obsèques officielles dignes du rang de l'illustre disparu. Une nouvelle ère va-t-elle souffler sur ce pays? C'est le cas de se demander si la dynastie Bongo possède encore sa main mise sur l'avenir du Gabon.  
Adieu Président Ali Bongo. 
  

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