13 nov. 2018

Politique, politique, mani pulite

"Ite missa est" pour l'Opposition politique congolaise. Un beau séjour touristique à Genève pour signer un accord mort-né auquel nul n'a cru à commencer par les signataires eux-mêmes. J'en ai discuté avec trois personnes.
12 novembre 2018. Vers 11 heures alors que je me préparais pour aller enseigner deux heures de culture francophone, mon téléphone a sonné. C'était le père Séra Kiosi sur Duo depuis Lugudunum:
- Salut Séra
- Bonjour Claver, je réagissais à ton appel. 
- Beh là, tu arrives juste au moment où je voudrais sortir. Je suis pourtant resté ici plus de trois heures, voilà que tu as quand je n'ai plus une minute de libre. 
- Tu sais quoi? J'étais heureux de voir l'opposition s'accorder sur un candidat commun: Martin Fayulu. Je me suis dit ... les choses bougent.
- Qu'ils se soient accordés sur un candidat autre que Tshisekedi m'a surpris.
- Ils n'avaient pas d'autre choix. De tous Fayulu semblait le moins litigieux. 
- Je connais Martin par sa famille et il a été patron de Kin Bouffe.
- Moi, je connais son père dans le fin fond des forêts de Fatundu. Kana nge mona yandi, il survit dignement. Un ancien agriculteur de grand gabarit. Beto ta tala.
- OK. Revenons-en à Tshisekedi. J'ai vu sa signature sur le document officiel qui circule.
- Oui, mais que vaut la signature d'un politicien congolais? Il peut signer maintenant et se désister une heure plus tard. Au fait, on apprend que le même Félix Tshisekedi a retiré sa signature.
- Là alors, je ne sais quoi dire.
Etc.
Après 14 heures, c'était au tour de Donat Mabana sur Messenger. Après avoir parlé famille et café-expresso, j'ai soulevé le sujet de l'accord sur le candidat commun de l'opposition, Bien informé des coulisses de ce théâtre, ce monsieur qui a côtoyé Tshisekedi Père et les politiciens congolais à Sun City, m'a exposé une analyse originale pour justifier d'ailleurs son retrait de l'engagement politique de l'UDPS. Les propos qui suivent émanent de sa propre main et  n'engagent que lui:
"Ya Claver
Les uns par naïveté se lancent dans la politique croyant aux théories politologiques ou même par l'innocence de leur mission pour le bien des autres. Soit ils finissent par devenir eux aussi apprentis-sorciers ou ils déchantent et ....ce qui est rare abandonnent. Les autres pour raison de survie et complexe s'y lancent conscients de la situation pour qu'ils y trouvent leur part. cette catégorie d’égoïstes constitue la majorité de politi-chiens carriéristes sans âmes ni cœurs prêts à tout pourvus qu'ils restent à la mangeoire.
ll y a une dernière catégorie, celle des rares vrais...conscients des enjeux, ils se lancent avec vision et mission claires...s'exprimant avec cœur et âme, inspirant et non seulement motivant les masses...ils sont populaires et le peuple sent leur aura et saisit la quintessence de leur abnégation...ils prennent les risques d'affronter les dictatures au point d'accepter le sacrifice suprême...c'est la race de Mandela, Thomas Sankara, Lumumba.
Au Congo, c'est en Tshisekedi que moi j'ai senti ce genre de politiciens, mais qui malheureusement n'a pas vu cette victoire.

Dans la soirée j'ai sollicité par Messenger l'avis spontané de Gaby Ilenda, candidate députée nationale pour la Ville de Kenge, sur le sujet:
"Ya Claver, je ne suis pas surprise que cet accord ait échoué. Car dès que j'ai appris que le candidat commun choisi était Matin Fayulu, je me suis dite sans hésiter que Vital Kamhere allait se rétracter par la suite. Ayant déjà battu campagne lors des élections présidentielles précédentes; il possède une base électorale sur laquelle il peut compter. Il est sorti en bonne position; ce qui constitue un atout politique dont les autres ne bénéficient pas."
Voilà trois avis plus ou moins concordants livrés par un prêtre, un analyste et une candidate députée. Des sensibilités différentes mais convergentes sur le fond du problème. Politico, politico, mani pulite.

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