12 nov. 2018

Adieu Bernard Binlin Dadié (1916-2018)

10 novembre 2018. Le maître-monument littéraire africain vient de tirer sa révérence à 102 ans. Quelle vie! Quel intense engagement pour la cause noire et l'expansion de la culture africaine! Comment ne pas s'émerveiller devant une telle sommité dont la vie de centenaire a impressionné le monde intellectuel? Bernard Dadié, tel est son nom, a incarné la fierté de l'Afrique aussi bien par son oeuvre romanesque, poétique et théâtrale que par son activisme politique qui lui a valu plus d'une année de prison. Ce qu'il relate dans ses Carnets de prison
Aussi loin que mes souvenirs peuvent me porter, c'est comme élève à Kalonda que j'ai découvert l'ivoirien Bernard Dadié, et d'ailleurs parmi les tout-premiers écrivains africains qu'il m'a été donné de connaître. Probablement autour de 1969-70. Lecteur relativement curieux sans l'être vraiment, j'ai lu alors qu'il ne figurait pas du tout au programme des extraits de son Nègre à Paris et de Climbié. Dans la série de ces lectures et commentaires partagés avec les copains - je pense à Mr Boubou et à MaFranx, je pense à Pivary et Ngarené, je pense à Kokama et Masabu - nous étions fascinés par l'humour, l'ironie et la comédie livrés par les écrits de Dadié et Ake Loba, premiers maîtres de ce qui s'appelle actuellement littérature migrante. Mieux que d'autres, ils ont exprimé le conflit culturel ou le choc de la rencontre entre l'Afrique et l'Europe vécu par les premiers étudiants africains en Europe.
Je n'ai eu de ma vie que deux cours de littérature africaine livrés par Mr Emmanuel Maviya à Kalonda et l'abbé Iyay Kimoni à Mayidi. Le premier nous a enseigné Dadié; le second, je ne crois pas qu'il l'ait même mentionné. Un signe qui ne trompe pas. Populaire au secondaire à cause de son écriture aisée à lire et de ses sujets intéressants, Bernard Dadié a connu une réception plutôt modeste dans les milieux critiques universitaires. A moins qu'une recherche bibliographique ne confirme mon constat, j'estime pour ma part une injustice flagrante qui doit être réparée tout de suite, bien qu'il ait été primé à l'occasion de son centenaire de naissance.
J'ai eu à enseigner Bernard Dadié. La première année de mes enseignements à Cave Hill, il y avait au programme du cours de littérature africaine de deuxième année Béatrice du Congo. Cela tombait bien pour moi car je pouvais lier cette oeuvre à celle de Tchicaya U Tam'si auquel je me référais constamment à l'époque. Je regrette que ce cours ait été supprimé deux années plus tard, la thématique générale de l'enseignement ayant été remise à jour. Avec le recul du temps, j'estime que j'aurais pu mieux défendre cette oeuvre qui immortalise Vita Kimpa, notre héroïne nationale Kongo. Dans nos mémoires, ce maître de la culture africaine, ne mourra jamais.
Bernard Binlin Dadié, va auprès de nos ancêtres. Que ton âme repose en paix!


    

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