12 avr. 2014

A propos de "La classe politique aveuglée"

1. J'aime bien les analyses du Potentiel. Les articles portent en général un regard neutre et objectif sur les événements qui se passent dans notre pays. Les réflexions m'amènent souvent à me m'interroger sur les relations que ce journal entretient avec le pouvoir. Pour moi, Le Potentiel illustre l'existence en RDC d'une certaine liberté de la presse; mais aussi d'une certaine tolérance du pouvoir vis-à-vis de cet organe de presse. Bien sûr, on alléguera que son fondateur assure cette protection. Une voix différente des encenseurs qu'on a connus sous la deuxième république. Une voix indépendante qui taille sa réputation dans la déontologie du métier de l'information. Et même la qualité littéraire des textes est remarquable, contrairement aux choucroutes indigestes que servent certains écrivailleurs journaleux. Chapeau!
2. "La classe politique aveuglée" expose d'abord les véritables problèmes liés à la sécurité et à l'écologie, tout en soulevant la négligence de la classe politique plus préoccupée de l'acquisition ou du maintien du pouvoir. La RDC donne l'impression d'un No Man's Land que les voisins agressent, à volonté et en toute impunité, par les biais des groupes armés ou sous le prétexte de protéger leurs propres territoires. Quant à l'exploitation des ressources naturelles et minières, le défi de gouvernance n'a jamais réellement convaincu les observateurs neutres à cause d'un clair manque de transparence dans la gestion. Des individus, plutôt que le pays, tirent d'énormes profits de ces transactions.
3. La préoccupation principale des politiciens tourne autour des échéances électorales de 2016 alors que la pauvreté et la précarité minent le sort de la population. Nos familles survivent péniblement, au lieu de vivre pleinement. Nos écoles, nos hôpitaux, nos routes malgré des réalisations tangibles, sont dans un état piteux. Les conditions sociales sont catastrophiques. Salaires insuffisants et impayés, chômage clochardisant, situation sanitaire inhumaine, approvisionnement calamiteux en eau et électricité, etc. sont les signes d'un manque flagrant d'un plan de travail et d'objectifs ciblés. Ajoutez à cela la corruption légendaire de nos agents, vous obtenez la  léthargie que l'article appelle "l'atonie".
4. Le Congolais est très corruptible, hélas. A tous les niveaux, l'enrichissement illicite et fulgurant guide son action dans la course à l'argent, au luxe, aux biens matériels. L'argent le rend arrogant, irrespectueux des valeurs traditionnelles basées sur l'humanisme communautaire. Les sapeurs sont l'illustration vivante de ces antivaleurs hissées désormais au sommet de la hiérarchie morale.
5. L'échec des intellectuels. L'échec du pays, c'est l'échec des intellectuels, entend-on souvent dire. Pour moi, l'échec du pays, c'est l'échec des forces armées, j'entends armées, polices, services de sécurité. Ce sont les forces armées qui dirigent le pays. Qui a les mains dessus, a le pays. Les intellectuels agissent ou orientent leurs discours en fonction d'elles selon qu'ils se sentent menacés, rassurés dans leurs ambitions. Un intellectuel neutre n'a pas de place dans notre pays. Mudimbe l'a vécu et prouvé. L'ordre politique s'établit ou se maintient en rapport avec les interactions de ces forces armées qui servent parfois plus à mater qu'à protéger et rassurer la population. La meilleure administration sera celle qui saura équilibrer cette constante: la justice, l'ordre et la paix pour tous.
6. Quelles solutions? C'est bien de critiquer, mais c'est mieux de proposer des solutions. Dans un pays miné par l'insécurité, la violence et l'irresponsabilité de la classe politique, il faut commencer par un profond changement intérieur de l'homme. C'est l'homme qu'il faut d'abord changer, le reste suivra. Comme les guerres et les déplacements massifs des populations ne favorisent guère des comportements contrôlables, il est impératif de pacifier le pays, toutes les provinces, les villes et les communautés villageoises. Et cette responsabilité revient à tous. Cela amènera à une stabilité politique et sociale, seule garantie pragmatique d'une action positive et humaine.

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