15 avr. 2014

Les institutions en Afrique

J'ai toujours soutenu que la faiblesse de l'Afrique provient à tous les niveaux de la faiblesse de ses institutions. Les Africains, à quelques exceptions près, n'ont pas une culture de l'état ni de la nation. Notions étrangères imposées par le colonialisme, héritées par imitation des indépendances, elles n'ont jamais vraiment constitué des jalons institutionnels.
On le voit à travers les efforts entrepris dans toute l'Afrique pour maintenir au pouvoir des présidents en fin de mandat, et auxquels les dispositions constitutionnelles interdisent un nouveau mandat. Confondant le destin du pays avec celui d'un individu, l'élite au pouvoir joue le tout pour le tout pour changer la constitution ou la contourner pour satisfaire les ambitions du seul individu-président. Le concerné ne se prononce pas, mais ses agents se chargent de convaincre la population du bien-fondé de son maintien au-delà des dispositions légales en vigueur. C'est justement cela la différence entre un pays démocratique et un pays qui ne l'est pas ou ne l'est que de nom.
Barack Obama partira à la fin de son mandat; sa dauphine pressentie se prépare car Hilary Clinton a déjà fait une sortie dans ce sens. François Hollande a encore droit à un mandat. Tout cela en conformité avec la constitution. Jamais les Etats-Unis et la France ne toucheront à leurs constitutions pour le plaisir d'Obama ou Hollande. Y toucher serait d'ailleurs inconstitutionnel. En Afrique, la constitution est un texte taillé sur mesure qui n'a de consistance que lorsqu'elle sert les intérêts du pouvoir en place. Parlez-moi de démocratie!
La démocratie en Afrique demeure, jusqu'à preuve du contraire, une illusion. Sauf bien sûr pour certains pays comme le Sénégal, le Bénin, le Botswana, le Ghana, ou l'Afrique du Sud, etc., qui font montre d'un sens démocratique élevé. Dans les autres pays, le chemin vers la démocratie est encore long. La seule réalité qui confère le pouvoir dans ces pays, c'est les forces armées. Et celui qui a la main dessus, maîtrise de fait le pays. Par forces armées, j'entends, armées équipées d'armes, polices armées, services de sécurité ou de renseignements. Dans la réalité, elles font plus office de terreur et d'intimidation que de protection de la population. On a l'impression, que plus les années avancent, plus on recule en terme de démocratie malgré la création partout de commissions électorales dites indépendantes.
Ainsi donc prévaut la logique de la force et de la violence. Les élections africaines sont souvent l'occasion d'une démonstration de force. Il y a toujours des morts, des fraudes, des disparitions d'urnes, des malversations de tout genre. Les maîtres, ie Nations-Unies ou l'Union Européenne, y envoient des observateurs internationaux. Avez-vous jamais entendu que des étrangers aient été envoyés pour observer les élections allemandes, américaines, anglaises ou françaises? On nous dit qu'elles sont toujours transparentes, crédibles et libres quoique nous ayons été informés des irrégularités intervenues dans certains états du temps de George W. Bush.
Souvent, les présidents africains sont pris en tenailles entre les mains de prédateurs locaux et étrangers ou des multinationales qui n'ont en vue que leurs profits, au détriment de la population du pays. Certains présidents y jouent de leur vie, car ils ont tellement commis des crimes qu'ils n'oseront jamais redevenir de simples citoyens. Ainsi, ils montent des mécanismes machiavéliques pour conserver le pouvoir à vie s'il le faut. Le vieux Mugabe en est l'exemple. Peu importent les moyens, pourvu qu'ils restent à leurs sièges. Et là, le ridicule ne tue pas.
En Afrique, on a vu des feuilles de proclamation des résultats arrachées des mains du président de la commission électorale et déchirées sans outre-mesure. On a vu des proclamations effectuées dans la nuit et des présidents prêter serment en catimini comme les derniers des voleurs. Signes clairs que les institutions ne tiennent qu'à un bout de fil et que ces présidents s'imposent par défi. Les règles du jeu peuvent changer à tout moment, montrant ainsi qu'il n'y a dans le chef des gouvernants aucune volonté de stabilisation de la démocratie. Je répète et confirme ce que j'ai toujours soutenu: la démocratie, c'est pas pour les Africains. On utilise le mot démocratie, certes, mais la réalité est un jeu de dupes. J'ai dit.

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