18 avr. 2014

Le pays le plus pauvre du monde

C'est en entendant Jacques Attali affirmer avec certitude que la RDC est le pays le plus pauvre de la planète que je me suis, une fois de plus, remis à ce sujet. Et je suis tombé sur le classement que j'ai affiché précédemment.
Lorsque je lis ces classements, je me pose des questions sur la validité des critères qui les déterminent. D'où viennent ces chiffres lorsque nous savons que beaucoup de pays sous-développés tiennent difficilement leurs livres de compte? La gestion des caisses publiques, malgré un effort visible de transparence, demeure obscure, soumise à l'humeur et aux appétits des classes dirigeantes. Les institutions financières sont minées par un système de corruption tentaculaire. En fait, la corruption existe à tous les niveaux de l'état. Monsieur 10%, c'est toute personne qui a le privilège de régner sur les milliards des recettes et des prêts du pays. Ces pratiques se retrouvent dans presque tous les pays africains à l'exception de quelques rares où la mentalité républicaine est relativement avancée. Les fils Moubarak, Kadhafi, Wade, Bongo, Ngwema, disposent des cagnottes qui échappent au trésor public, donc au compte de l'état.
Je conteste ces classements parce qu'ils ignorent complètement la réalité des pays. Je suis presque certain que les chiffres sur lesquels ils sont basés sont au départ incorrects. Nul ne connaît le nombre exact des Congolais de la RDC. Comment peut-on effectuer des calculs exacts en fonction d'une population dont le nombre est approximatif? Je les remets donc en doute. Ils peuvent être exacts pour certains pays, mais pas pour d'autres, surtout pas pour les nôtres.
Les statistiques sont toutefois importantes pour indiquer des tendances. C'est clair qu'un pays comme la RDC scandalise lorsqu'on se rend compte de l'écart qui existe entre ses richesses naturelles et le degré de pauvreté de sa population. On doit dénoncer avec force la complicité de quelques individus dans le pillage généralisé de ces ressources. On doit dénoncer les contrats léonins accordés à des multinationales peu sensibles au sort des Congolais. Je l'ai déjà dénoncé ailleurs. Qu'un pays qui dispose d'énormes riches minières et naturelles traîne dans l'extrême pauvreté doit susciter des réflexions dans le chef des autorités. Certains se contentent de rappeler la malédiction légendaire qui pèse sur ce pays. D'autres imputent la faute aux colonisateurs, aux prédateurs étrangers et aux corrupteurs qui se partagent impunément la manne céleste. D'autres y voient la main des grandes puissances et des multinationales. Il y a de tout cela, mais il y a surtout un grave problème de leadership. Résoudre cette équation en créant les conditions d'un bon décollage politique et économique constitue à mon avis le défi qui guette tout gouvernement de la RDC. Cinquante-quatre ans après l'indépendance, on en reste encore à l'étape de construire la démocratie avec toutes les complications intrinsèques et extrinsèques que ce processus implique.
J'étais vraiment écœuré, révolté, scandalisé d'entendre de la bouche de Jacques Attali que la "RDC est un non-état." Sa position était sans ambiguïté, hélas, appuyée sur des arguments solides et logiques. Que j'aurais souhaité que tout cela fût faux.
 
 

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