11 déc. 2015

"Se radicaliser"

Voilà un terme qui, ces dernières années, prend des connotations étranges et dangereuses. Depuis la vague des engagements des jeunes dans des mouvements jihadistes, l'expression est de plus en plus employée dans le sens d'une perversion religieuse criminelle. Des jeunes gens quittent leurs familles, pour suivre une formation religieuse extrémiste. Des couples se convertissent à des théories dangereuses qui mêlent foi et action terroriste. Il serait vraiment intéressant de suivre l'évolution de cette expression, car elle est un signe manifeste d'un phénomène de société qui devient courant.
Remontant dans l'histoire, on retrouve ce phénomène presque à tous les tournants des crises majeures. Les croisades ou les pratiques de l'inquisition peuvent être considérées mutatis mutandi comme des formes de radicalisation. C'est l'espoir de changer le monde et d'y instaurer un ordre théocratique qui prime. Le fascisme par exemple a entraîné des jeunes gens dans l'espoir d'un monde totalitaire et monolithique avec toutes les dérives que cela comporte. Aujourd'hui, c'est le mouvement islamiste qui est pointé du doigt et qui cause le désarroi dans les familles comme dans des régions entières de la planète. C'est comme si rien ne pourrait s'opposer à l'ouragan de l'histoire dont le visage change à chaque ère.
"Se radicaliser", une voie de sortie dans un monde injuste et sans espoir pour les plus défavorisés. Une raison de vivre ou de manifester son pouvoir d'action dans un monde où les forces du Mal sévissent. Un slogan de lutte contre l'ordre universel. "Se radicaliser" dans le contexte actuel, c'est s'inscrire dans une irrémédiable dynamique d'action contre l'ordre mondial actuel - chrétien et occidental. Religion et pouvoir en constituent l'arrière-fond. Je pourrais me tromper, mais c'est ma vision des choses.
A problème radical, réponse radicale. C'est l'attitude du candidat républicain Trump qui s'en prend ouvertement à tous les musulmans. Une attitude également radicale, donc inacceptable et condamnable. "Tout est dans la mesure," disaient les classiques autrefois.
Y a-t-il lieu d'éviter la radicalisation des jeunes? Oui, sur papier, mais c'est plus difficile à tacler efficacement. La tolérance religieuse empêche de lire les intentions cachées des gourous fournisseurs des "radicalisés". Le fanatisme comporte plusieurs trajectoires stratégiques pour fasciner l'esprit des jeunes. Souvent, le jeune traqué par cet enseignement radical vit parmi nous, avec nous et partage nos tribulations quotidiennes. Le jour où il part pour le sanctuaire du salut est planifié de longue date, méticuleusement préparé sans qu'aucun des proches ne s'en rende compte. Un voyage tissé dans une toile de labyrinthe touristique, et le tour est joué. Qu'est-ce qui motive les jeunes à aller combattre avec l'EI ou Boko Haram? Comment expliquer qu'un jeune homme sain d'esprit et destiné à un fabuleux avenir en arrive à se faire exploser dans un marché ou un métro? Lorsque vous l'aurez compris rationnellement, vous comprendrez le sens de l'expression "se radicaliser".

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