21 déc. 2015

Un bon scénario politique


Le pouvoir en place a tendance à ramener le débat à l'intérieur alors que l'opposition s'appuie sur l'extérieur. C'est un véritable conflit de forces. Le pouvoir est fort à l'intérieur où il maîtrise tous les maillons de la chaîne qui forme l'engrenage politique. Tandis que le régime au pouvoir présente le recours à l'extérieur comme une trahison ou comme un complot contre la république, l'opposition y voit la seule voie de salut tant est vrai que ses manoeuvres sont étouffées ou susceptibles de mener à une injuste condamnation. Chacun tire la couverture de son côté. Tout geste, dans ces conditions, est chargé de connotations pro ou contra.
Maître ou prétendant l'être à l'intérieur de son territoire, le régime peut aisément gérer toutes les crises, commettre des condamnations sommaires sans que l'étranger soit capable de percer le mystère. A l'intérieur, le despote sanguinaire agit en Dieu avec droit de vie et de mort sur tous ses compatriotes. Enlèvements, raids, kidnaping, dénigrements dans les média de l'état, propagandes pro-régime, constituent des puissants atouts pour les tenants du pouvoir. Le monde entier pourra crier haut et fort, sans que la donne intérieure change substantiellement. 
Lisez ou relisez l'Archipel du Goulag d'Alexandre Solzhenitsyn pour découvrir ce que cachaient les pouvoirs totalitaires, mus jadis par la propagande communiste russe. Le monde entier entendait parler des atrocités du Goulag, mais peu des témoignages vécus avaient été publiés avant le célèbre écrivain. Cette image illustre combien un régime peut tenir son peuple dans une prison, sans que celui-ci s'en rende compte. Passeports confisqués, ordres de mission refusés, interdictions de mouvement et de manifestations politiques, mises à résidences surveillées, incarcérations sommaires, filtrages d'entrées et de sorties hors du territoire national, autant de moyens dont dispose le pouvoir en place pour imposer sa loi. Comment parler d'alternative politique dans ces conditions?
L'intérieur du pays ressemble à un cocon impénétrable aux étrangers en dépit du fulgurant développement des médias et réseaux sociaux prompts à dénonçer les injustices et les actes criminels des dirigeants. Certains potentats vont jusqu'à assassiner des opposants où qu'ils se trouvent, simplement par crainte de se voir éclaboussés par leurs révélations. L'intimidation poussant les gens à la prudence, la vraie opposition fonctionne en réalité de/à l'extérieur alors que tout se passe à l'intérieur dudit pays. Le vrai pouvoir tourne autour du contrôle des forces armées, policières et sécuritaires. Qui les a, possède le pays. Car on peut ne pas être élu, et néanmoins détenir férocement le pouvoir entre ses mains.

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