14 mai 2016

Dieu merci, il n'est pas comme les autres

La fameuse prière du pharisien, je l'ai vécue une seule fois dans ma vie. Et pourtant, elle se décline tous les jours au présent. Je me vois vivre et j'observe les autres aussi vivre. Je suis comme les autres, en même temps je ne suis pas comme les autres.
Lorsque j'étais plus jeune, un ami m'avait surpris en se vantant d'avoir toutes les qualités attendues d'un élève de son âge. Pour le prouver, il a accusé un autre d'avoir émis des insultes à l'endroit d'autres condisciples. Quarante ans plus tard, j'observe le comportement du même ami. Il n'a pas changé d'un iota. Une vie faite d'incidents et de ruptures, de divorces et de remariages, de tensions continuelles et de procès en justice. Pourquoi? Il a une volubilité incontrôlée.
Maladroit dans ses propos, inconsistant dans son raisonnement, il exprime des positions difficiles à tenir devant le commun des mortels. Il n'a guère cure des autres, tellement il est imbu de lui-même. Elève très moyen, il est cependant imbattable - il ne se reconnaît jamais battu - dans des discussions, même celles dont il n'est pas spécialiste. Comme il n'arrête jamais de parler et tient à garder la dernière parole dans un débat, il baigne dans une illusion qui le montre plus grand, plus talentueux, plus intelligent, plus sage, plus combattant, etc. que les autres. En réalité, il s'est créé une "persona" à travers laquelle il voudrait que le monde le perçoive. Hélas, le naturel revient au galop lorsqu'on l'élude. Un personnage digne d'être dépeint par La Bruyère dans ses Caractères.  L'erreur mythique de Narcisse, c'est le nombrilisme, l'incapacité de voir plus beau, plus malin, plus parfait que soi. Des études sur ce type de personnalité sont concluantes pour relever qu'il s'agit d'une anomalie susceptible d'être soignée par des spécialistes. Cependant, Dieu merci, il n'est pas comme les autres.

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