19 mai 2016

La domination espagnole sur le football européen

La victoire hier de Séville sur Liverpool (3-1) en finale de l'UEFA confirme incontestablement la bonne santé du football espagnol. Avec Barcelone, Real et Atletico, Séville domine la scène européenne des clubs toutes associations confondues. Il faut l'avouer, au vu des résultats, La Liga est le meilleur championnat de clubs en Europe au cours de ces dernières années. Quel autre pays peut présenter ce monopole sur le plan européen? En Angleterre, c'est surtout l'argent. Les clubs - Manchester United, Manchester City, Arsenal ou Chelsea - ne sont forts que localement et financièrement. Très rarement, ils atteignent les demi-finales des coupes européennes. En Allemagne, il n'y a en fait que le Bayern que suit très timidement le Borussia Dortmund. L'Italie aligne la Juve, l'AC Milan et l'Inter, ces deux dernières étant en crise. En France, le PSG peine à atteindre les sommets de la scène européenne, en se faisant éliminer en quarts ou en demi. Bref, les clubs espagnols dominent. On devra de plus en plus s'attendre ou s'habituer à des finales européennes les opposants entre eux.
Il y a un génie propre à ce pays qu'il ne faudrait pas sous-estimer. Comment par exemple justifier l'échec de Pep Guardiola au  Bayern de Munich sinon par une incapacité à gérer les "sensibilités" culturelles de la Bavière? Je regrette de l'avouer: c'était une très mauvaise d'imposer le jeu de Barcelone à une équipe aussi légendaire que le Bayern. D'autre part, avait-il le choix? On ne peut donner que ce qu'on possède. On ne peut transmettre que ce qu'on sait. Atletico qui connaît bien ce jeu a réussi à éliminer le Bayern à deux reprises. De la même façon que Trappatoni avait échoué, Guardiola a échoué. Une mentalité ne s'impose pas. Les Latins ont du mal à s'accommoder de la rigueur anglo-saxonne ou slave. Ce n'est pas le cas de Jupp Heynckes ou Otmar Hitzfeld, tous deux issus de cette tradition culturelle. J'ose prédire que Guardiola échouera à Manchester City s'il tient à imposer le système Barcelone à des Anglais férus du jeu physique et des balles arrêtées. La circulation des entraîneurs est une très bonne migration professionnelle, mais elle n'évolue pas forcément dans le bon sens. On voit Van Gaal peiner à Man U, alors qu'il appartient à l'école du football total néerlandais. Avec le talent et l'expérience professionnelle qu'on lui reconnaît, le Hollandais aurait sans aucun fait un meilleur coach de Barcelone ou d'Ajax que là où il se trouve. Il en est aussi ainsi des joueurs, brillants dans un championnat et incapables d'offrir les mêmes prouesses dans le championnat où le mercato les parachute. Et un bon entraîneur sait gérer ces types de situations.
Considérons une équipe comme Séville. L'entraîneur Unai Emery y a passé trois saisons, et y a gagné trois coupes de l'UEFA. Un bilan extraordinaire! Dites-moi qui est le meilleur entraîneur? Aucun entraîneur n'a aligné ces dernières années autant de victoires en finales européennes. Il y a donc de quoi réfléchir au développement du football européen. Respect et chapeau à Séville!
Pendant que j'écris ces lignes, une question me vient à l'esprit: "Claver, tu habites aux Antilles, tu parles du foot européen, mais pas du foot africain, ton continent d'origine. N'est-ce pas de l'aliénation mentale?" Plutôt que de parler d'aliénation, c'est plutôt du reflet de mon parcours qu'il s'agit. Je suis exposé à ce football plus qu'au foot africain. Comme j'aurais aimé parler de mon continent natal! D'autre part, je considère le football non seulement comme un sport qui dépasse l'étroitesse nationaliste et raciale, mais aussi comme un art d'excellence, car il englobe les potentialités de tout l'homme. Un bon joueur n'a pas de nationalité quoiqu'il s'adapte mieux à un environnement culturel donné. Le beau foot, c'est du beau foot, peu importe qui le pratique. C'est là que le modèle européen ou latino-américain pourrait servir de référence.

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