15 nov. 2016

Le colloque du 50aire du 1er FMAN






6-7 novembre 2016. Peu avant minuit, je me pointe à la porte de l'hôtel. Un gardien et un portier m'accueillent gentiment. Le temps de remplir les formalités, mes bagages sont montés et je découvre une chambre entrer-coucher convenable, décente et propre. Mais comme il fait très chaud malgré l'heure avancée de la nuit, c'est le conditionnement d'air qui va équilibrer l'air dans l'espace de la chambre. Je m'empresse d'écrire très vite la mésaventure de l'aéroport afin de ne pas en perdre les fils, mais je suis très fatigué pour continuer la besogne. Un bain, et c'est parti pour le reste de la nuit. Comme j'ai acquis une SIM Tigo, la communication sera facilitée.
Autour de 8 heures, je suis réveillé par un coup de fil du Prof. Saliou qui s'enquiert de ma situation et me demande de contacter le secrétariat du colloque. Mais je préfère me reposer, car le voyage depuis la Barbade a été long et éreintant. J'ai pris le soin de m'informer de différents événements. La plupart des conférenciers du FMAN sont logés à l'hôtel Ngor Diarama. Les nombreux hôtes que je croise dans les couloirs participent eux à la CIM (Conférence Internationale des Mines) qui réunit des représentants de toute l'Afrique. J'échange avec quelques-uns, je prends même mon déjeuner à côté d'eux. La journée se passe en chambre: je relis ma copie de présentation, lis le livre entamé la veille et achève de rédiger l'article précédent du blog. Je découvre que l'une des hôtesses d'accueil est originaire du Congo (maman rd-congolais et papa congolais de Brazza). Elle habite Dakar depuis quelques années et parle le Wolof. Le soir, René Masala Mbangu, un neveu qui vit à Dakar, vient me chercher pour le dîner à la Brioche Dorée où je goûte du filet de Thior braisé et de la bière Gazelle. Très bien. Le jeune homme me révèle sa reconnaissance pour tant de bien que je lui ai fait par le passé. De petits gestes qui ont une signification importante pour lui. Tant mieux car je m'en souviens vaguement. Je ne pouvais qu'en être flatté. D'autre part, pour un jeune homme que j'ai vu enfant, je le trouve plutôt mûr, sage généreux et serviable.
8 novembre 2016. Je me réveille de bonne heure car il faut honorer l'ouverture du Colloque Cinquantenaire. J'ai hâte d'aller voir le Prix Nobel Wole Soyinka, le conférencier-invité qui a vécu cet événement en 1966. Soyinka, le néologiste de la "tigritude", représente la génération des pourfendeurs africains de la Négritude avec les M'Phaelele, Fanon, Tchicaya, Adotevi, et autres. Son message est attendu. Je prends la navette allouée à cet effet, et me rends au King Park Pallace. L'imposant hôtel, accoudé sur un bras de l'Océan Atlantique, héberge également les immenses assises de la CIM. Un spectacle de chants et de danses exécuté par une troupe très bien  nous accueillent dans une ambiance très africaine à l'entrée du Pallace. Sécurité serrée, ordre très rigide. Je me trouve vite un badge afin de descendre dans la salle prévue pour l'ouverture du cinquantenaire. La salle est à moitié pleine lorsque j'y entre. Retrouvailles avec quelques collègues, mises de visage sur les noms déjà connus. Je reconnais dans la mêlée le Béninois Zéphyrin Daavo que j'avais rencontré en 2005/6 au salon du livre de Guadeloupe. Je mets un visage sur le nom des Profs. Sy et Mbaye. J'identifie les membres du comité organisateurs. Pendant qu'on est assis, on nous prie d'aller devant. Un groupe d'élèves en uniforme entre, bien rangés et bien disciplinés. J'apprends dans les coulisses que Mr Soyinka ne sera pas de la partie, mais que son texte sera lu. Soudain, rappel à l'ordre:
"Mesdames et Messieurs, veuilllez vous lever pour accueillir S.E. Mr Macky Sall, Président du Sénégal". Quelle surprise pour moi! Au lieu de rencontrer Soyinke, voilà qu'il m'est contre toute attente donné l'occasion de voir l'actuel Président du Sénégal. Je comprends alors pourqu'il y a eu tant de sécurité à l'entrée du hall. En posant ce geste commémoratif très symbolique, Monsieur le Président venait honorer Léopold S. Senghor, son illustre prédécesseur, qui avait 50 ans auparavant organisé ce festival. Quel vibrant hommage au Président-Poète de la Négritude! Quelle fierté pour le Sénégal d'avoir réussi à abriter dans ses murs cet événement universel unique dans l'histoire de la culture noire! Dans son allocution d'ouverture, le professeur Sy, président du CACSEN (Communauté Africaine de Culture - Senégal) répète cette phrase attribuée Senghor: "Il n'y aura pas de développement durable sans la culture." L'histoire sait combien le développement culturel a été le point d'orgue de toute l'action politique de Senghor. Tous les intervenants reviendront sur cet aspect important de la politique senghorienne. Je retiendrai le nom de Mr Hussard: "Monsieur le Président, vous commémorez le cinquantenaire de votre prédécesseur, organisez votre propre Festival." Cet admirable comédien, imitateur formidable, a tellement bien rendu la voix de Senghor, que certains conférenciers ont fermé les yeux pour savourer les tonalités vocales de l'illustre poète. L'intervention du Président Macky Sall, un géologue dont la présence aurait été mieux justifiée à la CIM, a été d'une profondeur surprenante pour un scientifique. Il a plutôt cité le poème "Souffles" d'un autre grand, Birago Diop, pour nous imprégner de la présence du Président Senghor et des autres "qui sont morts (mais) ne sont jamais partis." Sans tarir d'éloges pour Senghor, il a également souligné l'impact politique de l'esprit de la négritude et des initiatives prises par ce dernier en faveur des mouvements de libération tels l'OLP, la SWAPO, etc.
J'aurais bien voulu saluer le Président mais la ceinture de sécurité était très serrée. J'ai par contre fait la connaissance de quelques figures importantes de la politique et de la culture du Sénégal. J'ai salué le maire de Thies pour lui dire que je connaissais bien l'abbé Ambroise Tine: "Alors il faut venir à Thies. Nous collaborons beaucoup avec l'abbé Tine dans le cadre des activités sociales et culturelles." J'ai croisé dans la salle des activistes politico-culturels, des organisateurs de festival ou conférences. J'ai beaucoup observé, et noté des détails peu perceptibles aux yeux des communs de mortels. J'ai par exemple remarqué dans la salle la présence de cinq moines bénédictains. J'apprendrai que le Père Dominique Cacca, musicien et spécialiste de la Korah, proche de Senghor, avait énormément contribué à l'organisation du Festival. Les chants grégoriens de "Koeur Moussa" sont mondialement connus. Du King Park Pallace nous sommes conduits dans l'après-midi à l'Hôtel Ngor Diarama pour la suite du programme.

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