"Die beste Bildung, schrieb Goethe, findet ein gescheiter Mensch auf Reisen." Traduction (un lapsus j'ai d'abord écrit Traudction tellement je suis habitué à écrire Mme Schmitt): "Un homme intelligent se forme en voyageant" ou littéralement "La bonne formation, a écrit Goethe, un homme rusé la trouve au cours des voyages." La sagesse de cette maxime du poète allemand possède encore toute son actualité. Moi qui m'intéresse à Senghor depuis bientôt plus de quarante ans, ce n'est qu'aujourd'hui que je foule des pieds ce pays légendaire dont j'ai connu l'existence avant à mes neuf ans. Je garde un bon souvenir de ma mère au sujet des Sénégalais. A ma question de savoir pourquoi, les Sénégalais que je voyais à Kinshasa étaient tous riches, ma mère Christine me dit en août 1966: "Eh bien, mon fils, sache que leur pays est proche de l'Europe. Ils ont vu les Blancs avant nous." Mama, kuna wena matondu mingi. Mfumu Nzambi kakusambula. J'avais discrètement juré de visiter un jour ce pays. En venant ici, je réalise un voeu tacitement fait à ma mère, Christine Matsasu d'heurese mémoire, de voir ce pays proche du pays des Blancs. J'en célèbre le cinquantenaire. Avant Ambroise Tine et Hyacinte Dione à Rome, je n'avais connu personnellement de Sénégalais.
Je viens ici non pas comme un touriste, mais un Africain qui voudrait un autre pan de son histoire, de sa vie. J'irai, si le temps le permet, voir Gorée. L'expérience des taxis et des débrouilleurs d'hier m'a montré que les habitants de nos centres urbains africains vivent vraiment de combines, d'arrangements à la limite de l'honnêteté. De très nombreux services sont proposés comme des dons, des aides alors qu'on compte en tirer le plus de dividendes que possible. Brazzaville, Cotonou, Kinshasa, Lagos, Yaoundé, Nairobi, c'est la même débrouille, à la différence qu'elle prend le visage local du la mégapole. Je n'ai pas vu cela à Addis-Ababa, peut-être parce que là j'ai été toujours pris en charge par la compagnie aérienne ou l'hôtel de séjour. Une fois par mon ami Dr Temkir Bonger, à l'aller comme au retour. Si Dakar est le miroir du Sénégal, j'y vois aussi les espoirs et les dangers qui guettent l'Afrique noire toute entière pour autant que les autres mégapoles représentent leurs pays. J'observe l'âge, l'agir des gens. Je discute avec tout le monde. Ce matin, j'ai eu à discuter sur le mot "patron" avec deux servantes de l'hôtel qui sont venues nettoyer ma chambre. Et j'ai appris deux mots en wolof: "Nangadef" (Bonjour) et "Mangifirek" comme réponse. Je rentrerai avec ces deux mots dans mes bagages pour impressionner mon frère Modou Diagne à la Barbade, Inch'Allah.
J'ai pris des contacts avec les organisateurs de la conférence. Il est prévu un vernissage au musée Théodore Monod ce soir. Mais j'ai pris rendez-vous avec mon neveu René Masala Mbangu qui habite et que, si je rate ce jour, je risque de ne pas rencontrer. Je voudrais bénéficier autant que je peux de la conférence. Rencontrer Wole Soyinka, Prix Nobel de Littérature. Voilà une occasion à ne pas manquer. Il y a aussi des compatriotes congolais dans différentes sessions du colloque. Il y a aussi des visages connus rencontrés à d'autres colloques. Comment dire? Je voudrais tirer de cette conférence le plus de formation possible, suivant l'instruction du maître de la parole, Goethe.
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