7 nov. 2016

L'épopée de Dakar,

Un voyage particulier. Du 8 au 10 novembre 2016 aura lieu à Dakar, Sénégal, un colloque international commémorant le cinquantenaire du Premier Festival Mondial des Arts Nègres animé jadis par le président Léopold S. Senghor. Et j'ai le privilège de participer à ce colloque. Par tous les moyens, je me suis arrangé pour que tout marche. Premiers heurts. Dès que ma participation s'est confirmée, il me fallait m'informer des détails afin de m'organiser. Visas et itinéraires. 
1. Itinéraires. Il y a trois ou quatre chemins pour partir de la Barbade au Sénégal: soit par New York, Montréal, Londres, ou Paris via Ste Lucie, Martinique. J'ai procédé par élimination. Le dernier est le moins cher, mais le plus compliqué, car il faut deux visas, un Schengen et, aussi paradoxal que cela paraisse, un pour les DOM. Ils ne me coûtent rien pour moi en tant qu'enseignant de français, mais ils s'obtiennent à Castries, Ste Lucie. Donc un déplacement obligatoire. Deuxième option: passer par New York, là c'était bien mais l'attente au consulat américain prend tout un avant midi, et le visa américain coûte cher pour les Congolais. 250 USD en plus de 100 des formulaires, il paraît que c'est la contrepartie que les Américains paient également pour entrer en RDC. En langage diplomatique, cela s'appelle mesure de réciprocité: on me répète toujours que c'est les Congolais qui ont inauguré cette disposition pratique. Je n'ai pas pensé au passage par Montréal. La meilleure option était décidément Londres. Pas de problos par là. Seulement, il fallait prendre "les" bonnes informations. De Londres plusieurs possibilités avec Turkisch Airlines, Iberia, Air France, Royal Air Maroc, TAP, et d'autres.
2. Visas. Celui du Sénégal d'abord. Dès que j'ai obtenu le visa letter de mon université, j'ai écrit un courriel à l'ambassade du Sénégal à Washington. Pas de réponse. J'ai appelé. C'était pour m'entendre dire que je n'en avais pas besoin. Par prudence, j'ai demandé une confirmation écrite qui n'est jamais venue. Par commodité, j'ai opté de passer par Madrid avec Iberia. Fallait-il un visa Schengen, comme je ne sortais pas des frontières? Le consulat espagnol m'a dit "oui", mais les agences de voyage m'ont dit "non". Pour obtenir ce visa, il me fallait aller à Trinidad. J'ai éliminé le voyage de Trinidad, mais j'ai décidé de voyager via Madrid, m'en tenant à ce que me conseillaient unanimement les agences.
3. J'ai compris une chose. L'information est capitale. Si je n'avais pas été critique et réaliste, je serais allé à Trinité me procurer un visa absolument inutile. Quelle perte de temps et d'argent! La vérité, c'est que c'est tout simplement une question d'argent. Le consulat espagnol, intransigeant sur cette règle, n'avait rien à perdre de m'octroyer un visa dont je me serais passé. Le bon sens avant tout.
3. Le samedi 5 novembre, à 17h, je suis parti de Bridgetown avec Virgin Atlantic pour arriver le lendemain 6.11 à 5h10 à Gatwick. Ma correspondance Iberia étant prévue pour 10h50, il me fallait donc tuer le temps dans cet aéroport si froid en ces jours pour quelqu'un qui atterrit des tropiques. J'avais pris des dispositions pour cela. Dès 7h30, le tout premier, j'ai enregistré mon unique bagage pour Dakar en moins de trois minutes. Les connexions Wi Fi fonctionnent très mal à Gatwick. Je n'ai réussi à appeler personne; et même au téléphone ordinaire, personne ni Donat, ni Ephrem, ni Nicolas, personne ne m'a répondu. Par contre, j'ai pu parler deux minutes avec Mme Schmitt à Wurmlingen. Assis dans un coin tranquille, j'ai pu revoir mon texte à présenter au colloque et lire En attendant la montée des eaux de Maryse Condé. Ce livre acheté il y a une année à Fort-de-France, je n'ai j'amais eu le temps de le feuilleter. Voilà, ce sera mon livre de chevet ces jours-ci. Le voyage Londres - Madrid s'est effectué dans de bonnes conditions quoique j'aie été surpris qu'on vende le petit déjeuner aux gens. Au passage au comptoir d'embarquement, j'ai été surpris de voir une citoyenne équato-guinéenne avec plus de quatre lourds bagages à main. Les gens lui ont fait des problèmes, elle a dû en abandonner deux là bas, sous prétexte qu'on les lui mettrait dans la soute. Elle partait pour Malabo. On a parlé des 11 voitures du Fils Obiang' que les autorités suisses ont saisies dernièrement. 
4. J'ai été très impressionné par la beauté du paysage panoramique de Madrid. Un aéroport très aéré comparé à Gatwick. Là les Wi Fi fonctonnaient parfaitement. Pour tuer le temps, j'ai pu parler à plusieurs personnes depuis Viber  et Whatsapp. Avec des British, des Français, des Belges... et mêmes des RD Congolais. Je n'ai pas lu pendant les deux ou trois heures d'escale à Madrid. De là on est parti avec beaucoup de retard pour Dakar, dans un Airbaus 340 bien plein. 
5. L'arrivée à Dakar s'est passée sans problème. Un accueil assez formel au niveau des agents de de l'immigration et des douanes. La queue était respectée, sauf que de temps en temps, on voyait quelqu'un se détacher du groupe appelé par un des agents. "Le visa sénégalais est gratuit", ai-je vu aussitôt entré dans le hall. Comme les organisateurs du colloque m'avaient octroyé une autorisation de visa du ministère de l'intérieur, mon passage de frontière s'est effectué très confortablement. Au retrait des bagages, je serai un peu dérangé par la promiscuité des voyageurs et des porteurs. Après le contrôle d'usage, je suis allé à un kiosk acquérir un SIM Tigo pour mes communications locales. Je m'attendais à voir des organisateurs du colloque, mais je n'ai personne vu comme diraient les Jurassiens. Je devrais donc prendre un taxi pour l'hôtel. Là alors, c'était des sollicitations de toutes sortes. Des services de tous genres sont proposés à la criée ou discrètement. "Voulez-vous téléphoner? Vous me donnerez ce que vous voulez" Ou encore: "Voulez-vous un taxi? 5000 FCA." J'en choisis un, qui me propose 4000. Arrivé à pied à la sortie du parking, il me présente un autre monsieur, un géant d'au moins deux mètres, son frère venu de nulle part, qui se dispose à me conduire à 4500. Je dis niet, plus terrorisé par la stature monumentale du taximan que dissuadé par le prix. Pendant que j'attends un autre taxi, un autre gars m'approche: "Mon frère, voici un cadeau pour toi. Ici le taxi te demande 5000 alors que si tu avances jusqu'au rond-point-là, tu en trouveras un à 1000 FCA." Il me donne un porte-clef que je décline, empoigne mon bagage avant même d'avoir entendu ma réponse. Je dis niet et lui rends son beau cadeau. Un autre en taxi, cette fois, vient me proposer 4000 FCA. Les gens de l'hôtel m'ont prévenu que le trajet coûte 5000 Fr, à cette heure pas plus. J'en prends un, mais aussitôt éloigné de 50 mètres, il demande 10000 Fr prétendant que c'est loin l'hôtel. Je lui dis niet et le prie de me retourner au point de départ. Marche arrière, et dehors. C'est finalement grâce à un agent de police que je trouverai le bon taxi, après avoir perdu une bonne dizaine de minutes à marchander. Il faut se méfier, être prudent, alors très prudent. Là je viens de passer ma première nuitée à N'Dakarou.




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