Il y a le TP Englebert Mazembe à Lubumbashi, il y a le TP Issa Hayatou à la CAF, plutôt il y a eu. L'homme qui a conduit d'une main de fer la Confédération Africaine de Football pendant près de 29 ans vient de perdre les dernières élections, dépité et déçu. C'est le plus puissant président de la CAF de l'histoire du foot africain. Il a travaillé dur pour se hisser à la tête de la respectable institution. Au vu de l'évolution de ce sport, il faudra reconnaître à son honneur que l'Afrique a réalisé de remarquables prouesses. Le bilan est amplement positif. J'estime cependant que c'est une bonne chose que de l'avoir remplacé en ce moment. Je vais expliquer pourquoi.
Un changement était nécessaire. 29 ans, c'est beaucoup. Ne voir qu'un seul visage à la tête comme si ce pouvoir lui était assigné à vie entraîne des phobies et des frustrations chez d'autres auxquels la même porte demeure ainsi fermée. On devrait limiter les mandats. Mr. Hayatou a fait son temps, réalisé du bon travail et réussi à rendre le football africain respectable dans le monde quoique persistent des mythes vis-à-vis des footballeurs africains. Un changement de mentalité doit s'opérer à ce niveau car il existe d'autres fils et filles du continent capable d'y donner un nouveau souffle.
Le pouvoir corrompt. Le seuil est facilement franchi lorsqu'on y est longtemps. La dérive de l'abus vous guette à chaque tournant du parcours. Mr. Hayatou n'y a pas échappé. Proche de Blatter, il a été dans le sacré secret de l'empire footballistique pendant le règne de son chef. Vice-Président de la FIFA, voire Président a.i., il a vaillamment échappé aux intrigues et complots de soupçons qui ont éclaboussé la plupart de ses collègues. S. Blatter a été honteusement désavoué, I. Hayatou est sorti par la grande porte, immaculé et triomphant. Par quelle magie? Dieu et lui seuls le savent. C'est donc fort de ce blanchiment qu'il s'est permis de briguer un autre mandat qui s'est révélé de trop. Cette défaite jugée comme un coup de tonnerre par les médias met fin à une époque, à une mentalité, à un règne qui au fil des années s'avérait éternel, inamobible, arrogant et despotique. Les pratiques de corruption de la FIFA ne sont inconnues de personne, une chaîne qui s'évalue à des millions/milliard de dollars, à des faramineux contrats de tout genre, à des sociétés publicitaires-écrans, à de trafics d'influence planétaire. L'achat des consciences permet de discerner l'ivraie au milieu du bon grain, ou au contraire, le bon grain au milieu de l'ivraie.
J'ai déjà écrit sur ce blog à propos de la FIFA notamment lors des scandales qui l'ont secouée. J'ai notamment mentionné qu'on y parlait plus d'argent que de football. La nouvelle équipe semble poser ses bases en jouant de la transparence. Je salue le départ de Mr. Hayatou comme la marque d'une époque et soutient que la CAF a besoin d'un nouveau sang pour oeuvrer à l'évoution du football sur notre continent. Mr Hayatou mérite notre reconnaissance pour son travail et son amour de notre continent. Mais l'histoire a ses lois: il faut savoir lire les signes du temps. Bonne chance à Ahmad Ahmad!
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