Nos présidents à vie passent plus de 15, 20, 30 voire 40 ans au pouvoir comme s'ils étaient des rois, comme si aucune autre personne ne pouvait exercer la même fonction. Adulés ou flattés par leurs thuriféraires sans coeur, ils s'arrangent lorsqu'ils le peuvent pour se faire succéder par leurs propres fils. Ou le cas échéant, après avoir tenté de résister à la pression intérieure et extérieure, pour tripoter leur succession afin d'y revenir pour remplacer la marionnette qu'ils auront placée à la tête du pays. Tous les scénarios de succession sont là: ils sont soit brutaux par assassinat, soit pacifiques ou camouflés par des élections de mascarade. Le métier de président est conçu comme une fulgurante accession à la divinité, à la dignité d'intouchable. D'où la fascination qu'il exerce sur les citoyens sommés de chanter la gloire triomphale de leur maître.
Nos présidents africains sont au-dessus des constitutions dont ils changent les articles à leur gré et sur mesure. Dictateurs sans vergogne, ils ne se gênent pas de se déclarer élus alors qu'ils y accèdent par des arrangements malhonnêtes et des accords secrets signés avec des puissances étrangères. Mis à part quelques pays relativement avancés en démocratie à l'européenne, la plupart des présidents gèrent leurs pays comme leurs propres fonds de commerce. La première dame crée une fondation drainant des centaines des millions de dollars tandis que la petite amie du président gère une ONG pour canaliser les bienfaits en espèce de son illustre partenaire. Des millions leur sont versés ou mis à disposition avant même qu'elles aient une idée de leur utilisation. Le frère du président a statut de ministre, la sœur voyage en jet privé entre différentes capitales d'Afrique ou de l'Occident. Les salaires faramineux qu'ils s'octroient montrent qu'ils ne se préoccupent guère de leurs concitoyens qui vivent avec moins d'un dollar par jour. Les pillages et gaspillages impunis des ressources, les acquisitions en biens meubles et immeubles, les investissements dans des industries de toutes sortes, les juteux dividendes tirés des contrats léonins offerts à des amis étrangers, les engagements des colistiers à la tête des entreprises, font de cette position la plus convoitée de toutes. Vive la corruption car avec l'argent du contribuable, ils peuvent tout acheter, même la conscience humaine. Pendant que j'écris ces lignes, comme pour corroborer ce sujet, je vois un titre sur Opera News: "Biens mal acquis: Omar Bongo a offert un appartement de 524,7 millions de FCFA à Miss France 2000." La mégalomanie est caractéristique de ces tyrans qui nous gouvernent et s'accrochent au pouvoir.
Le Somalien Ismaël Omar Guelen fait campagne pour un cinquième mandat présidentiel après vingt ans de dictature. L'Ougandais Museveni, le vénérable Camerounais Biya, le Congolais Sassou viennent tous de se faire réélire alors qu'ils ont déjà dépassé trente ans de règne sans partage. Le fils Bongo ne veut rien céder malgré son évidente invalidité, tandis que les Togolais se lassent de Faure Nyassimbé. On dirait qu'ils sont nés pour présider aux destinées de leurs nations. On dirait que céder le pouvoir après un mandat est un signe d'échec personnel. Le peuple est muselé, réduit à acclamer son illustre timonier. Et vous appelez cela "démocratie"? Pas moi. La démocratie nous est étrangère, rendons-là d'où elle est venue. Revivons dans nos tanières de primitifs et de sous-hommes, dans la jungle de la forêt vierge. Renvoyons l'encombrante démocratie à ses propriétaires naturels, les Hélènes. Vive l'émotion africaine!
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