11 sept. 2012

Abbé Henri Mukanym (1948-2012)

La mort de l'abbé Henri Mukanym prive le diocèse d'Idiofa d'un prêtre pieux, simple et généreux. C'est à Mayidi en 1977-78 que j'ai connu Henri, un aîné qui est devenu par la suite un ami. Cette année-là, il venait de terminer son deuxième cycle de philosophie à l'université de Lubumbashi et était envoyé au philosophat de Mayidi où les abbés tentaient de combler le vide laissé par les jésuites. Je terminais la philosophie, il ne m'a pas donné cours alors que son ami Ignace Matensi m'a enseigné la philosophie de la nature. J'entretenais cependant des rapports très fraternels avec lui. On jouait ensemble au football au terrain de Zunzi.
Lorsque je le retrouve en théologie à Rome, c'est un homme simple, serviable et ouvert que je découvre. Il me dévance d'une année, mais l'écart qui nous séparait à Mayidi n'existe plus. Il est condisciple avec mes copains de Mayidi: JC Akenda, JM Matutu, Gerard Nzuzi. Nous sommes tous étudiants. A ce titre,  nous sommes tous soumis à la même discipline au Collège Urbain et aux mêmes contraintes académiques à l'Urbaniana. J'aimais bien aller à sa chambre écouter de la musique, discuter ou prendre un verre avec lui. Enrico profitait de sa connaissance des quatre langues vernaculaires de la RDC pour s'intégrer dans n'importe quel groupe et s'informer de tout. Séminariste d'Idiofa (kikongo), né au Kasai (tshiluba), formé à Lubumbashi (swahili), il a su ajouter à sa liste le lingala comme tout Congolais. Et il était informé, voire très informé même des coulisses du Vatican.
Henri aimait les anecdotes. Que des fois je l'ai vu faire rire le Père Fumagalli, notre vénérable recteur du collège. Il a raconté une anecdote que je n'oublierai jamais. A l'issue d'une réunion du conseil presbytéral, un prêtre aurait exprimé son insatisfaction, disant: "Nous sommes mécontents, le peuple lélé et moi-même".
J'ai encore eu à le côtoyer régulièrement quand j'étais à l'évêché de Kenge pendant qu'il travaillait comme professeur au grand séminaire de Kalonda, avant d'en devenir le recteur. Plus d'une fois, il est venu participer à la messe chrismale à Kenge. Son ministère dans les environs de Kalonda a été remarqué. Une fois à Kinshasa, en 1983, alors qu'il conduisait le grand camion de Kalonda, un véhicule nous a cognés légèrement sans s'arrêter. C'était au croisement 6e rue - Boulevard Lumumba, on tournait à gauche depuis la Place commerciale. J'ai admiré son calme et sa maîtrise du volant. Personnellement, je n'avais rien senti.
En juillet 2003, aussitôt que j'avais appris qu'il était malade, je me suis rendu avec Clavère à son chevet à la procure d'Idiofa. L'abbé Ignace Matensi était présent. Notre brève rencontre était très émouvante. Formateur, pasteur et agent de l'église, Henri a travaillé dans la vigne du Seigneur avec zèle, fidélité et piété. Merci pour tant de dévouement!
Je peux avouer sans me tromper qu'Enrico a vécu sa longue maladie dans un esprit de foi, une abnégation et un calme exemplaires. Que le Seigneur l'accueille dans Son Royaume Eternel. De la lointaine Barbade, je m'unis volontiers à la prière et aux pleurs du diocèse d'Idiofa et de sa famille biologique.
Kwenda mbote, nduku na mono!

Barbade, 11 septembre 2012.
 

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