6 sept. 2012

Une leçon de discrétion

Dans son homélie à l'occasion de la messe funéraire de Maman Christine, le père Séraphin Kiosi a insisté sur une qualité que possédait ma mère: la discrétion. Je crois qu'il a eu raison de le souligner. Pendant sa vie, j'ai observé qu'elle ne parlait pas beaucoup en général, mais se contentait de l'essentiel. Plus d'une fois, je l'ai vu me rappeler au pardon et à l'humilité. Sa discrétion était telle que mon épouse a été amenée à dire. "Si quelqu'un a des problèmes avec Maman, c'est que c'est lui qui est mauvais. Elle incarne la serénité et la douceur même"
Sa discrétion résidait surtout dans son silence, sa réserve. Elle répondait plus qu'elle n'interrogeait en général. Femme de caractère, elle savait voiler ses déconvenues d'une façon exemplaires. Sa joie a été de voir ses enfants grandir dans la sagesse et la foi chrétienne. Face à mon père, un homme bouillant qui ne craignait jamais l'adversité ni l'affrontement, ma mère est demeurée conciliante, positive, égale à elle-même. Cinquante-cinq ans de vie matrimoniale ne lui ont pas ôté le sourire, la bonne humeur ni le sens d'accueil. Maman savait garder inviolés les secrets lui confiés.
Dernièrement, elle a contourné ma décision de priver une pièce wax à une cousine, sa nièce très parasite à mes yeux, en récupérant le reste des habits pour son propre compte. Elle a donc donné l'habit à cette cousine en la priant de se taire. J'étais énervé, mais j'ai compris: elle était jusque là la seule autorisée à suspendre mes décisions. Elle tenait à garder sa famille unie et aimante.
Ses apparitions silencieuses au salon lors de mes rentrées tardives constituent à mon sens une leçon d'humilité et de discrétion. Et cette discrétion s'est manifestée même dans sa façon de mourir.
Elle était debout au centre médical, est montée sans aide dans le taxi qui l'a conduite au laboratoire, en est sortie elle-même. Peu de temps après, elle a rendu l'âme pendant que sa fille Pascaline achevait les formalités de l'échographie exigée par le médecin. Sans tambours ni trompettes! Elle s'est endormie dans le silence de son coeur, sans alerter sa fille. Elle a affronté la mort, seule et sans déranger la quiétude de qui que ce soit. Réservée même dans la mort, elle est demeurée sans parole pour tirer sa révérence.
"Mambu yonso mene lunga", s'est écrié le Christ avant sa mort.
 

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