16 septembre 2015. Les bottes ont encore bougé au Faso. Cette fois, tout le processus de la Transition qui devait aboutir aux élections d'octobre 2015 est arrêté par le coup d'état du RSP (Régiment de la Sécurité Présidentielle), l'armée prétorienne de Compaoré. Le RSP sequestre depuis hier le Président Kafando et son PM Zadis. Voilà de nouveau l'armée aux commandes, dissolvant dans la foulée toutes les institutions de la république ainsi que toute velleité de pouvoir et de contestation.
Cela ne me surprend pas du tout. L'expérience m'a appris à reconnaître que c'est l'armée, et seule l'armée, qui commande dans nos pays d'Afrique. C'est ça la démocratie, la vraie démocratie en Afrique. Je vous renvoie à mes articles sur la crise du Burkina Faso de novembre 2014. Il y en a au moins trois sur ce blog. Voici pour illustrer mes propos deux extraits tirés de mon article "L'armée en Afrique" du 16 novembre 2014:
"Tout ceci m'amène à dire que le passage par l'armée est une voie obligée ou privilégiée pour la prise du pouvoir en Afrique. Signe évident de manque de démocratie quoi que prétendent les slogans qui accompagnent le dictateur illuminé. J'ai bien dit démocratie, et je sais de quoi je parle. Un mot qui appartient à nos anciens maîtres colonisateurs qui en gardent le sens. Chez nous, c'est de l'imposture. Il y aura démocratie en Afrique le jour où, comme ailleurs, les militaires s'abstiendront définitivement de prendre le pouvoir."(...)
"L'armée peut à tout moment renverser le régime en place, parce qu'elle dispose d'armes. C'est vraiment la loi de la jungle qui règne. Dans certains pays comme l'Egypte, sauf exception, il n'y a que des généraux qui deviennent présidents. Un général se fait plus craindre et respecter qu'un civil. L'arme est à elle seule un langage. Jean-Pierre Bemba ne s'était-il pas proclamé général pendant sa rébellion entre 98 et 01? Et le plus fort, militairement, a le pouvoir. Le cas du Burkina Faso est intéressant à plus d'un titre. Zida a eu la sagesse de "céder aux pressions", mais il ne faut pas oublier qu'il a, ainsi faisant, manifesté ses ambitions et que ce ne serait jusqu'à preuve du contraire que partie remise. Un Rawlings burkinabé sans doute! Quoi qu'il en soit, l'armée pèse de tout son poids dans ce processus démocratique." ("L'armée en Afrique", 16 novembre 2014).
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