22 sept. 2015

Sortie de crise au Faso?

Pouvoir, armée et politique. Voià un sujet de réflexion adéquat pour un intellectuel averti. Ce qui se passe au BF peut servir d'échantillon. Les médiateurs sénégalais Macky Sall et béninois Boni Yayi ont rabattu un travail de négociation remarquable au nom de la Cedeao. Des propositions de sortie de crise sont liblées en treize points sur la table des discussions. Le président Kafando se dit très "réservé" vis-à-vis d'elles, arguant qu'il ne les a vues que lundi. Le général Diendéré qui a libéré le président et le premier-ministre de la transition attend l'issue des pourparlers de la Cedeao. Autant dire que les voix sont dissonantes selon qu'on est d'un camp ou  d'un autre. Entre-temps l'armée régulière encercle Ouaga et intime aux insurgés de "déposer les armes". Tout le monde parle d'éviter que le sang coule, mais on s'arme ou on se protège l'arme à la main. Situation très dangereuse car tous les ingrédients sont réunis pour déclencher une guerre civile, ou du moins des échanges de tirs.
N'écoutez pas ce qu'ils disent, regardez ce qu'ils font. C'est le seul conseil qu'un littéraire observateur d'intrigues romanesques ou narratives peut donner. Les pions fonctionnent d'eux-mêmes sans qu'on les pousse, il suffit que le coup de départ se déclenche.
La question fondamentale: a-t-on vraiment résolu le(s) problème(s) de fond pour que la paix qui reviendrait soit posée sur des bases solides? Au-delà de Diendéré et des mutins du RSP, il y a l'unité nationale qui est ébranlée quoi qu'en pensent les tireurs de ficelles. De fil en aiguille on peut remonter à Compaoré et à son système monolithique. En réalité, c'est l'héritage de vingt-sept ans de règne monolithique de Compaoré qui revient à la charge. On efface pas à la gomme des tares ancrées dans l'histoire. L'armée, le pouvoir et la politique se rencontrent au bout du canon. C'est moi qui le dis.
La tension est forte certes, mais il y aura bien une sortie de crise. A quel prix? à quel compromis? Un vrai soldat, m'a-t-on toujours dit, meurt l'arme à la main. Sera-ce le cas au BF? Je ne crois pas, mais l'affrontement armé pourrait se déclencher si l'on n'y prend garde. Quoi qu'il en soit, j'estime les Burkinabé assez sages et patriotes pour éviter de verser le sang des innocents. En écartant Compaoré, ils ont font preuve de beaucoup de maturité et de constance.

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