19 avr. 2017

La naïveté est la cause principale de nos échecs en Afrique

Poursuivant ma réflexion, j'en arrive à conclusion que la naïveté est la cause principale de nos échecs en Afrique. Tout bien entendu dépend de la connotation qu'on affecte à ce mot. Naïveté équivaut dans ce propos à crédulité; manque de lucidité et de clairvoyance, manque de vision, intellect stagnant, imprudence, ignorance, déficience mentale, obséquiosité injustifiée. La liste peut continuer, mais je résume cela en un manque d'esprit critique. 
N'éprouvant aucune confiance en nous-mêmes, nous sommes très lents à nous éveiller à la vérité et à la véracité des choses. Nous observons des choses mais sommes incapables de discerner leurs effets nocifs sur le long terme, tellement nous sommes pris dans le cycle de l'immédiateté. C'est pourquoi certains esprits éveillés opèrent aisément des escroqueries à très grande échelle sans que quelqu'un les empêche d'agir ou ne dénonce leur imposture. Cela se vérifie à tous les niveaux.
Une amie africaine, Erzulie, en Suisse me disait: "Nous, on adore les Blancs. Contrairement à nos frères noirs, les enfants de Maman Marie ont toutes les qualités humaines susceptibles de nous assurer une vie décente et respectable." A ma question de savoir d'où elle sortait cette idée si saugrenue, elle répondait qu'elle était réaliste. Réfugiée, immigrée, intégrée, inculturée dans son monde suisse, cette dame croit avoir compris une chose que d'autres n'ont pas saisie. Elle s'est certes créé une stratégie de vie et de survie dans ce contexte, ignorant complètement qu'elle ne sera jamais une suissesse-suissesse tant qu'elle est noire, née en Afrique. Le passeport dont elle se vante n'est qu'un paravent éphémère de son illusion. Pour preuve, pour une raison obscure, Erzulie se trouve aujourd'hui bloquée en Afrique, incapable de retourner dans son pays d'adoption. 
Nous attendons le salut de l'Europe et de l'Occident au lieu de travailler à éradiquer la pauvreté par nos propres moyens, au lieu de compter sur nous-mêmes. Nous attendons que les Asiatiques Japonais, Indiens et Chinois nous proposent des plans de développement alors que nous possédons des penseurs, économistes, scientifiques et intellectuels de très haut niveau qui sont compétitifs dans les meilleures écoles du monde, dans tous les domaines de la recherche. Pourquoi demeurons-nous si naïfs lorsqu'il s'agit de nos propres pays? Pourquoi nos pays ne tirent-ils pas bénéfices de nos nombreux talents sur tous les plans? A un Africain, on préférera un étranger pour nous fournir l'eau et l'électricité, pour construire nos routes, pour diriger nos hôpitaux et laboratoires scientifiques, etc. Qu'on se le dise, le contraire n'est pas possible ailleurs. Mr. Trump est clair à ce sujet: l'emploi d'abord aux Américains. Slogan impossible, inconcevable chez nous en Afrique? Erreur! Naïveté! Voilà pourquoi nous sommes constamment humiliés et méprisés dans nos pays d'exil, noyés et tués dans nos tentatives de joindre l'Eldorado de l'Europe et de l'Amérique, etc., convaincus que le bonheur est ailleurs.
Débarrassons-nous des complexes endogènes et exogènes qui entravent notre évolution. Imposons nos valeurs au monde, car tant que nous réfléchirons selon les paradigmes imposés par nos maîtres, nous demeurerons d'éternels esclaves soumis indéfiniment à rouler la pierre de Sisyphe. Le culte de la personnalité est un fléau terrible: l'éloge gratuit qui accorde des présidences à vie et transforme les malfrats en grands-prêtres ou souverains pontifes, les riches en seigneurs-maîtres de notre vie et les jolies filles en déesses ou divas, ne peut que nous empêcher de progresser intellectuellement et mentalement. "Tout marquis veut avoir des pages" avait une fois écrit J De Lafontaine. Voilà jusqu'où nous sommes naïfs et manquons de jugement.

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