29 avril. C'est mon anniversaire. Je ne sais pas si je dois le célébrer, car plus je pense à la vieillesse, plus je sens approcher la mort. Au fait, ce rouleau a commence à se dérouler dès le premier jour de ma vie. Dieu seul sait quand je mourrai en dépit de bons vœux que m'adressent mes amis: "Joyeux anniversaire ya Claver. Paix, bonheur et vie en abondance." (D Mabana). "Happy birthday love hope you live to see many more years." (J Bennett). "Salut cher Claver, un bon et joyeux anniversaire. Tous mes meilleurs vœux. Ad multos annos." (M Kisambu). "Zum Geburtstag: Wenn Du nicht mehr weisst, wohin Du gehen sollst, halte inne, und schau zurück, woher Du gekommen bist." (T Schmitt)".
Lorsqu'on vieillit, on se croit sage. On revoit le chemin parcours derrière en se disant que le temps et la distance de la vie qui restent sont plus courts que le temps passé sur terre. Alors, on a peur, on est traumatisé. Alors, on est heureux de s'approcher de la mort si la vie n'est pas heureuse. Alors, on développe des défauts insoupçonnés: avarice, mauvais cœur, troisième œil, sorcellerie. Les enfants vous suivent comme un fou simplement parce que vos cheveux sont blancs ou gris. Ils ont peur de vous. Si quelqu'un meurt dans la famille étendue, tout le monde vous soupçonne d'être le sorcier criminel. Lorsqu'on vieillit, on devient inutile à la société: un consommateur improductif dont la société cherche à se débarrasser au plus vite. On développe un sale caractère, exécrable aux yeux de certains. On est inquiet, on se demande combien de temps le calvaire de la vie va encore durer si l'on est pauvre et sans sous. Pas étonnant si on tombe dans la débilité, la démence sous forme de Parkinson ou de schizophrénie. On redevient une bouche de trop, un enfant à nourrir et se mouvant à quatre pattes: le chemin est tracé si le parcours est encore long. On perd la mémoire et commence à confondre le passé, le présent: Alzheimer. Je ne me moque pas. Ce sont des pensées qui me passent par la tête.
Lorsqu'on vieillit, aux yeux des optimistes, on commence à vivre, à goûter les finesses de la vie. On est fier d'arborer sa longue barbe blanche ou ses bigoudis sur des cheveux gris. On se moque de la jeunesse qui ne sait rien de la vie. On aime à raconter les vieilles histoires, à impressionner l'auditoire par une expérience extraordinaire de la vie. On croit avoir tout vu et vécu. On pense être la mesure de l'intelligence et de la sagesse. Moi, je regarde la vie comme elle va et vient. Je vis le présent, ne pense à rien d'autre car je ne saurai rien y changer. Dieu l'a tracée ainsi pour moi. Me voilà prêt à affronter les aléas qui restent sur mon chemin.
Pendant que j'écris ces lignes, mes neveux Lubamba -Eliezer, Ethniel, Natan - m'ont appelé pour me chanter "Joyeux anniversaire, Lubutuku ya mbote oncle Claver." Ils souhaitent venir me visiter à la Barbade. Pourquoi pas s'il plait à Dieu? Leurs vœux me sont allés droit au cœur. Signe qu'il y a de la famille qui m'aime et me veut du bien. C'est cela beauté de la vie. Me voilà à ma place de la chaîne familiale: oncle. Claver Jr m'a appelé de la maison pour dire qu'il a oublié de me souhaiter des voeux quand je suis parti pour le travail. Madeleine m'a écrit une belle carte: "Je te souhaite un joyeux anniversaire et plein de bonheur." (Ibangu). Je vais les retrouver pour partager un morceau de gâteau. Ainsi va la vie, lorsqu'on vieillit, que dis-je, lorsqu'on prend de l'âge. La vie est belle..