1. L'Afrique est-elle vraiment vouée à dépendre des dons et de la générosité de l'étranger? J'entends par étranger toutes les puissances occidentales et orientales qui exploitent ses richesses et la rendent incapable de se prendre en charge. L'Afrique possède une histoire minée par un lourd héritage colonial: elle a subi et continue de subir sous des formes plus subtiles l'esclavage, le colonialisme, l'exploitation. Déportation de la main d'oeuvre vers les Amériques, occupation et exploitation brutales de ses terres, colonisation éhontée, réduction à l'état de pauvreté éternelle, incapacité de se défaire des liens d'exploitation, soumission aveugle à l'ordre économique mondial, aliénation mentale et infériorisation viscérale, etc. Autant des conditions d'être qui font que l'Afrique ne décollera jamais. Solution: NON à toute forme de soumission et d'exploitation imposée de l'étranger. Refuser l'aide de l'étranger, et compter sur nous-même. Utopique? Non c'est possible. Il faut d'abord y croire et passer à l'action. Incapables ou rendus incapables de nous prendre en charge, nous avons été, hélas, éduqués à attendre tout de l'étranger.
2. Le clientélisme politique ou néocolonial. Tout a été mis en place pour que l'Afrique se plie aux injonctions extérieures. Juste un exemple. Idriss Deby Itno est assassiné au Tchad; Macron y court pour enterrer un "ami" que pourtant il n'a connu ni d'Eve ni d'Adam. Rendez-vous est pris dans la foulée avec le président en exercice de l'Union Africaine, qui moins d'une semaine après se retrouve à Paris. Celui-ci va réclamer depuis Paris une transition pacifique du pouvoir au Tchad pendant que le même jour ses concitoyens meurent à l'Est et qu'une marche de sympathie en faveur de ces victimes est impitoyablement réprimée. Ces gestes que j'épingle comme par coïncidence donnent toute la mesure du clientélisme politique et du néocolonialisme. Tout est soumis au diktat de Paris, et tous obéissent à l'hégémonie impérialiste de l'ancienne puissance coloniale. Tel est le soubassement des transactions politiques autour du Tchad. Pourquoi les Africains ne peuvent-ils régler leurs problèmes par eux-mêmes? Pourquoi a contrario, comme j'aime à le souligner, les Africains n'interviennent-ils pas dans les problèmes internes de la France? Nous Africains recourons pour tout à nos (anciens) maîtres à qui nous permettons de s'ingérer dans nos affaires, ignorants que ces puissances ne servent que leurs propres intérêts. Sans plus.
3. L'exil économique. Nous aimons l'étranger, j'entends l'espace Schengen ou outre-atlantique ou outre-indien. L'eldorado nous est proposé comme un Schlaraffenland où la manne tombe du ciel, à la jouissance éternelle. "Nsusu ya mvimba" comme chantait Djanana de Viva La Musica. Le souci de jouissance et de la boustifaille immédiates nous sert souvent de leitmotiv. D'où l'exil risqué vers le paradis où l'on vit bien. On connait les milliers de morts sur la traversée de la Méditerranée ou de l'Atlantique. On connait les conditions inhumaines de nos compatriotes en Inde ou en Chine. Tout cela parce que nous n'avons jamais créé chez nous ces eldorados si attractifs. Et nos leaders, à signe d'incompétence et d'irresponsabilité, manquent totalement de vision. Ils ne manifestent aucun intention de libérer l'Afrique de la soumission étrangère parce qu'ils ne s'occupent que du pouvoir, parce qu'ils servent de relai ou de partenaires à leurs mentors étrangers. Ils ne font aucun effort pour créer de l'emploi ni protéger leur population de la précarité, des dangers comme des invasions extérieures. Incapables de créer des usines, ils exposent nos richesses au pillage des étrangers. Ils ne perçoivent pas que l'exil économique est dû en grande partie à leur incapacité de créer des conditions acceptables de vie ou de travail en Afrique. Il est très facile de condamner les Européens ou Américains de nous exploiter et piller nos richesses; mais que faisons-nous pour résoudre ces problèmes nous-mêmes. Tant que la mentalité de la dépendance ne changera pas, l'Afrique n'évoluera jamais et attendra la manne de l'étranger.
Le temps est venu de dire: NON. Non à l'étranger et à leurs institutions d'exploitation. Non à l'éternelle dépendance africaine. Non au néocolonialisme!
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