5 avr. 2021

Le drame congolais: caricature de littéraire

Il est des choses qui arrivent dans notre pays, la RDC, qui laissent tout observateur ahuri, déconcerté, voire scandalisé. Depuis des années, tout le monde se plaint que le pays est mal géré, occupé et pillé par les étrangers avec la complicité des natifs. Depuis des années, rien ne change: les plaintes continuent, les politiciens s'enrichissent, la population trinque. A chaque visite que j'effectue au pays, je suis dévasté par la pauvreté extrême qui ne ce cesse de s'agraver sans qu'aucune lueur d'espoir ne pointe à l'horizon. Curieusement, chaque gestionnaire de l'argent de ce pays est un potentiel détourneur. La corruption est totale; elle secoue tous les rouages de la république. Ce qui rend les détournements indéchiffrables et inévitables. En réalité aucun leader congolais n'a réussi à le gérer de façon satisfaisante. En réalité, il y a un manque flagrant de volonté politique. 

Echec de leadership? Je n'en doute pas. Doté d'institutions très faibles et peu fiables, le pays est géré à l'aune des intérêts d'un groupe plutôt que du bien commun. Les élections glissées de 2018 ont accouché d'une souris: l''alliance tissée de toutes pièces vient de s'éffilocher au profit de l'union sacrée. Changement de majorité sur base d'adhésions aux couleurs multiples. Un micmac indigeste qui a tout le mal du monde à former un gouvernement tellement les partisans tiennent tous à devenir ministres. Pendant qu'on se bat pour des postes au gouvernement central, chaque jour qui passe l'Est se vide des populations autochtones chassées de leurs villages occupés désormais par des étrangers. L'occupation, nous dit-on, est une réalité, mais reniée en bloc par les occupants et leurs complices. Le plus surprenant, c'est le silence total des autorités congolaises, et le discours ambigu face à cette catastrophe. 

Echec de leadership? Ou plutôt manque notoire de vision. Tout le monde parle de la vision de Fatshi, mais personne ne saurait en quoi elle consiste. Les 100 jours ont envoyé Kamhere à la prison centrale de Makala. L'enseignement gratuit, slogan humanitaire, proclamé tambours battants, a du mal à décoller. Les fonds font défaut. Les sauts de mouton n'ont guère défait les embouteillages. Soit. Le social est au plus bas: une poignée de Congolais se la coulent douce alors que la majorité croupit dans la misère. La famine sévit dans nos villages. Allez à Kimbau, Kitenda, Matari: le manioc ne pousse plus, les élevages sont décimés, la pauvreté est extrême. Ne parlons pas d'infrastructures scolaires, sanitaires ou économiques: tout est par terre, dévasté comme après une guerre. L'exode rural a fourni des milliers de chômeurs à la ville. Des délinquants vite mués en bandits. Les enfants soldats ou kadogo d'hier forment le gros des gangs terroristes dans les agglomérations urbaines. La préoccupation des autorités provinciales et centrales est d'abord politique: se maintenir à tout prix au pouvoir. 

Manque d'actions. Ou manque de solutions. On ne sait à quel Dieu se vouer. Kenge a comme problèmes majeurs: l'eau et l'électricité. Lorsque j'y suis arrivé pour la première fois en juillet 1965, il y avait des pompes qui traversaient les rues. Je revois le frère Rudolph SVD réparant ou installant des tuyaux au camp Fonds d'avance tout comme à la cité. Je dois avouer n'avoir vu l'eau couler qu'une seule fois. L'électricité n'a jamais couvert toute la cité. 50 ans plus tard, ces tuyaux et pompes ont disparu remplacés par des forages par ci- par là. Par contre, l'électricité est distribuée de façon intermittente dans certains coins de la ville. Bref, la situation n'a jamais évolué. L'eau et l'électricité demeurent des priorités. Notez que tous les députés depuis Mr Musey (1960) jusqu'à Mr Kazwazwa (2018) ont été élus sur la base de ce programme. On tourne éternellement au rond-point de l'eau et de l'électricité sans jamais avancer. Les Honorables continuent de distribuer du sel, du sucre, du café, de matelas ou médicaments aux hôpitaux, en temps de campagne électorale sans que se développent des structures durables. Kenge que j'ai vu en 65 était de loin plus propre, sain et en ordre, que Kenge de 2020. Les érosions menacent de le couper en morceaux. Le camp Masikita comme le noviciat des Salésiennes disparaîtront dans 50 ans. Pourquoi pas Tshinda Kwango où fonctionne l'Unik et même le bâtiment du gouvernorat? On n'y pense pas. A l'Université du Kwango aucun chercheur ne se penche sur les érosions pour trouver une solution durable à ce phénomène censé détruire les édifices de la ville. Et quand bien même ce chercheur ferait ces investigations, il ne serait pas pris au sérieux. Non on attend des chercheurs "blancs" de la Banque Mondiale. Des partenaires comme on aime à le souligner. Manque de vision. Si vous osez dire aux gens de Kenge que cette ville pourra disparaître si l'on n'y prend garde, on vous traitera de menteur, de sorcier. Nous attendons que le ciel nous frappe au lieu d'agir. Problem Solving! 

Cette caricature sarcastique du littéraire que je suis donne sans aucun doute l'image de toute la RD Congo. Il se constate partout que nos leaders sont plus préoccupés de pouvoir et d'enrichissement personnel que du bien de la population. Une mentalité de parasites veut que nos compatriotes comptent sur des dons au lieu de travailler. Les fils du pays ne possèdent aucune valeur pendant que les étrangers nous envahissent, occupent nos terres et pillent nos mines. C'était les Belges, Grecs, Portugais jadis. Aujourd'hui, Libanais, Indiens, Chinois, Pakistanais et autres étrangers tiennent la plupart des infrastructures économiques et excluent les Congolais de la gestion des ressources naturelles de leur pays; les politiciens en tirent des dividendes. C'est cela que j'appelle le drame congolais. Ce pays ne nous appartient plus, et ce ne semble pas la préoccupation des leaders politiques. Il est temps de nous lever, de défendre le Congo, de prendre la destinée de notre pays en main, sans compter sur les étrangers qui ne pensent qu'à leurs propres intérêts.  Il ne revient qu'aux Congolais de construire le Congo. J'ai dit. 

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