Le malheur n'arrive jamais seul. Un malheur peut en cacher un autre. Après l'annonce du décès de Maman Fala, l'abbé Kisambu m'en signale un autre: "Salut Claver et merci de ton réconfortant tél, j'ai oublié de te dire que maman Anto Kingwaya, dite maman condif, est dédédée il y a trois semaines. Sala mboti ti famille. Modeste"
Quoi dire? Silence, méditation et pieuse prière en mémoire d'une femme éducatrice et activiste-féministe qui vient de quitter ce monde. Maman Kingwaya a fait partie de nos proches à Bandundu, alors qu'elle a quitté l'enseignement pour embrasser la politique en tant que responsable régionale de la condition féminine. Puis elle s'est installée à Kinshasa où elle a activement participé à la Conférence Nationale Souveraine patronnée par Mgr Monsengwo. Je l'ai revue, la toute dernière fois, le 29 juin 1992 à l'évêché de Kenge. Je n'ai jamais oublié cette date.
Ce soir là, le Frère Simon Van Steen SVD et moi voyagions de Kinshasa pour Kenge lorsqu'autour de 18h nous avions été attaqués à l'arme par des éléments en uniformes au niveau des collines qui surplombent la rivière Kwango, à un endroit où la route était complètement abimée. Le chauffeur Zoro Musitu a réussi à les semer en fonçant sur eux. Les assaillants au nombre de 4 ou 5 ont tiré sur nous. Sans dégâts, Dieu merci. Arrivés à Kenge, nous avons croisé à l'évêché Maman Kingwaya et son frère qui revenaient, à bord de deux jeeps, du Kwilu où ils avaient pris part à l'enterrement de leur chère maman. Bien que nous les ayons prévenus du danger, la conférencière tenait à assister aux assises de la CNS le lendemain. Ils ont continué et ont été pris d'assaut par les mêmes bandits armés qui les ont dépouillés de biens (argent ou bijoux). Ils ne s'en sont sortis que grâce à leur chauffeur qui a bifurqué sur le commissariat de Masina à Pascal, obligeant ainsi les bandits à sauter du véhicule et à fuir. Un voyage de cauchemar!
Depuis, j'avais sporadiquement de ses nouvelles par des amis. J'ai encore eu l'occasion de lui parler au téléphone alors que je me trouvais à Matran, chez l'abbé Modeste en juillet 2013. Ce jour-là, j'avais dans l'après-midi visité la tombe de son fils à Fribourg-Schönberg. J'avais appris qu'elle était à la retraite et qu'elle tenait bon. Malheureusement, on ne s'est plus parlés alors que je dispose jusqu'à ce jour de son numéro de téléphone dans mon portable. Ainsi va la vie, j'entends, la vie réelle.
Maman Antoinette, kwenda mbote! Lufwa kele nzila ya beto yonso. Mfumu Nzambi kuyamba nge na kimfumu ya zulu.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire