30 déc. 2015

Le dernier jour de l'année 2015

Il est 10 heures et dans deux heures commence le dernier jour de l'année 2015, l'occasion idéale pour une considération rétrospective de l'année et une projection sur l'année qui vient. Ce jour qui est à la jonction de deux années prend de l'importance si on le prend au sens de point de non-retour. Un jour où l'esprit fonctionne orienté vers l'arrière comme vers l'avant.
L'année écoulée a eu son histoire de joie et de peine, de bonheur et de malheur. L'année qui vient réserve aussi de la joie et de la peine, du bonheur et du malheur. Si le premier tas est connu ou appartient au passé, le second ensemble relève de l'inconnu, de l'imprévu et de la surprise. On peut projeter quelques allusions à l'avenir, mais seuls les faits les concrétiseront. Selon qu'on est optimiste ou pessimiste, la roue de la fortune tournera dans un sens et décidera de tout. Dieu seul sait ce qu'il en sera de nous, son humanité.
Ma pensée va en premier lieu vers les morts, nos morts. Qu'ils jouissent du repos éternel dans le royaume divin. Elle va aussi vers les nouveaux-nés de l'année écoulée: et il y en a eu aussi bien au niveau familial qu'à celui de nos amis et connaissances. Elle va enfin vers tous ceux et celles qui partagent avec moi le don sacré de la vie. Que l'Eternel soit loué pour ses merveilles! 
2016, je la proclame pour moi année du pardon et de l'amour. Que ces maîtres-mots constituent le socle de mon action et de mon engagement social. Bonne année à toutes et à tous.

Les Noirs des Amériques et leurs racines africaines

Cela fait bientôt quinze ans que je vis dans les Amériques. A la Barbade, dans les Antilles anglaises plus précisément. Pendant ce temps, j'ai observé ou ai été témoin de beaucoup de réalités, sur plusieurs plans. Celui qu'on identifie dans les Amériques comme noir, africain-américain ou caribéen, est un Noir complètement différent de l'Africain demeuré séculairement sur le continent. La raison majeure est que ces deux types de Noirs ne partagent plus la même histoire depuis cinq cents ans.  Ce détail est très important, quoiqu'il soit possible de retracer la généalogie de certains individus grâce à des tests ADN.  Des milliers d'Américains ont retrouvé leur lieu d'origine en Afrique.
1. Mon expérience personnelle. En arrivant aux Antilles en 2001, je possédais une vision complètement erronnée de l'esclavage. J'avais certes appris l'histoire de l'esclavage et l'ai même enseignée à mes élèves de Kalonda, à partir de manuels dont je disposais. J'ai connu des personnes des Antilles, partagé des expériences avec elles aussi bien au Congo qu'en Europe. Ou lors de mon tout premier voyage aux Etats-Unis en 97. Mais ces expériences là ne valent pas celle que je vis depuis 2001. Le temps m'a permis d'observer les choses, de les juger avec un peu plus de recul et sans préjugé. J'aime bien pratiquer une approche participative dans ce genre d'exercices.
2. Des Noirs d'Occident. La première chose qui m'a frappé était la différence géographique et culturelle. La déportation opérée par les esclavagistes a placé des millions de Noirs dans l'hémisphère Nord et en Occident. Ce déracinement culturel et cette déterritorialisation ont eu pour effet de créer une autre race noire, brassée avec des éléments biologiques et culturels d'ailleurs. Lorsque les Antillais se définissent créoles, c'est-à-dire mélanges de plusieurs facteurs, ils ont parfaitement raison. Au début, je concevais cette déclaration comme un refus de l'Afrique; mais j'ai dû me rétracter au fil du temps. Il y a dans certaines îles des familles où les enfants portent un phénotype représentatif de racines africaine, européenne et asiastique, conséquence de croisements génétiques qui ont forcément eu lieu dans cette partie du monde. Ce qui donne des centaines de types de Noirs de ce côté de l'Atlantique. Du genre un Noir avec un long nez, aussi long voire plus long que celui d'un Blanc. De cheveux crépus sur un visage blanc. Le métissage n'y est pas un mot, mais une réalité concrète et vécue.
2. Race et identité. A mon arrivée aux West Indies, ma surprise était d'entendre des étudiants noirs dans leur majorité me poser, à propos de l'Afrique, exactement les mêmes questions que mes étudiants allemands de Humboldt, Berlin. Je me suis alors dit qu'un sérieux lavage de cerveau a eu lieu; pouvait-il en être autrement après tant de siècles de séparation ou de sevrage d'Afrique? Bien que certaines habitudes culturelles ou alimentaires soient restées similaires, le Noir de la Caraïbe diffère foncièrement de celui d'Afrique ou d'Asie. Le mouvement de la négritude a opéré le passage de la couleur de la peau à l'identification noire africaine. Pourtant, l'identification à une race est un choix fondamental. Le nègre fondamental Aimé Césaire a continué d'affirmer sa négritude jusqu'à sa mort : "Nègre je suis, nègre je resterai". L'identité raciale n'est pas le résultat d'un fait biologique mais d'un choix de l'esprit. Et ce choix a une histoire. De ce point de vue, Césaire a raison tout comme les antillanistes ou les créolistes.
3. Choix idéologique. J'assiste depuis quelques années à un réel mouvement d'éveil africain. Le Black History Month est célébré en février avec un enthousiasme qui ne cesse de me surprendre. Je suis, comme d'autres africains, à cette occasion invité à parler de l'Afrique dans des écoles. Je ne crois cependant pas que ce mouvement soit possible en Martinique (ou en Guadeloupe) à cause de la politique d'assimilation exercée par la France. Le réflexe colonial n'y a jamais complètement disparu à mon sens. Qu'on me corrige si je me trompe. Jadis absente ou presque du discours politique et culturel, l'Afrique se trouve aujourd'hui au centre de débats et d'exposés. Un tournant réel a lieu dans le paysage des Antilles anglaises.
4. Au cours d'une discussion sur la polygamie et la possibilité d'entretenir plusieurs relations féminines, j'ai été étonné d'entendre mon interlocuteur barbadien dire: "Occidental en haut, en bas je suis Africain," indiquant le dessous de sa ceinture. Il disait en fait qu'il entretenait ses multiples conquêtes à cause de ses racines africaines qu'il assume comme un héritage sacré. Et d'ajouter: "After centuries of slavery, emancipation made us feel who we are. Our masculinity came back with emanicipation." Voilà une façon originale de clamer ses origines africaines.
5. Pour beaucoup d'autres caribéens, la situation est par contre plus conflictuelle. Il y en a qui ne pardonnent jamais aux Africains d'avoir vendu et humilié leurs ancêtres, tout comme il y en qui, au vu de ce qui se passe actuellement en Afrique, se sentent providentiellement sauvés de la misère que subissent les Africains. Certains regrettent, d'autres apprécient l'esclavage. Puisqu'il me faudrait arrêter ma réflexion là, je tirerais quelques idées. L'histoire de l'esclavage constitue un chapitre très controversé de l'histoire universelle. Comme on ne retournera jamais à l'état originel des choses, il faut vivre son temps, en tenant compte de l'espace et du temps d'où on vient, où on est, et où on va. Plutôt que de perpétuer un inutile conflit révisionniste, il est essentiel aux Africains et aux Caribéens de tisser des liens constructifs, réalistes et humains susceptibles de contribuer à l'épanouissement mutuel. La disparité historique ne saurait dissimuler des relations inaltérables que les deux continents entretiennent: il est temps d'ériger des ponts plutôt que la discorde entre les deux communautés continentales. L'histoire ne saurait s'effacer, seule une prise de conscience de soi aidera à transcender les écarts.
6. Enseignant aux Antilles, je contribue à ma façon à une meilleure interaction entre l'Afrique et les Antilles. Père de jumeaux barbadiens, j'estime qu'il me revient de baliser le terrain afin que mes enfants puissent être fiers de leur héritage biologique africain et national antillais. Dans ce dialogue, la contribution inspiratrice et positive de chacun s'avère importante, fondamentale.

29 déc. 2015

Un peu de conjugaison française

Ce n'est pas de moi, je l'ai entendu dans une vidéo-comédie qu'une amie a envoyée à mon épouse. J'ai vraiment ri aux éclats. Un élu du peuple n'a rien trouvé de mieux pour remercier ses deux proches collaborateurs de propagande que de les "nommer" ministres:
"- Toi, M., j'ai décidé de te nommer Ministre de l'"Analphabétisation"... Je sais que tu pourras assumer ces responsabilités avec compétence et intégrité.
- Oui, je pourra, répond l'heureux nommé.
- Ah ahahahah, s'exclame l'autre propagandiste, il ne sait même conjuguer le verbe "pourrir". 
Sans commentaire. C'est mieux d'écouter la vidéo que de lire ce que j'ai reproduit en changeant légèrement le contenu. 
Ce récit m'a rappelé le bon temps de Kalonda où on répétait avec sarcasme la phrase d'un journaliste révolutionnaire qui aurait dit ou écrit: "Et le Guide réponda".

28 déc. 2015

Noël est passé

Noël est passé sans que j'aie eu le temps de formuler de bons voeux à mes lecteurs et lectrices. Ce n'est pas la volonté qui a manqué mais le temps. Comme ceux qui écrivent le savent ou en font l'expérience, il faut un minimum de conditions pour s'asseoir et pouvoir écrire. Ces dispositions, je n'en ai pas eu au cours de derniers jours. Ah mais, tout le monde est en congé, sauf toi. Moi aussi je me suis attribué un congé, mais l'ampleur de mes responsabilités et engagements ne m'a pas laissé le loisir d'écrire sur mon blog. Même Traudl Schmitt s'est exclamée: "Es gibt nicht viel zu lesen in Deinem Blog. Und Weihnacht is schon vorbei".
Eh oui, c'est la vie, on ne fait pas toujours ce qu'on aime ou veut. Je ne le regrette pas. Comme Jacques le Fataliste, je dirais: "Il était écrit au ciel qu'en ces jours particuliers de Noël il n'y aurait pas beaucoup à lire sur ce blog". Je vais bientôt reprendre les activités normalement.
Que la paix de Noël soit dans votre maison et vous réconforte!

23 déc. 2015

Fin d'année: Benjamin, Fidèle, Antoine, mbuta Michel, Jean-Chrysostome, Marie-Noelle

Ces personnes de mes connaissances et amis partagent en commun d'être nées pendant la période de fin d'année. Benjamin Fala, paix à son âme, a été un compagnon depuis Kalonda à Mayidi, Rome et Kenge. Une longue amitié nous a liés. Que la terre de nos pères lui soit tendre et accueillante jusqu'au jour où nous nous retrouverons. Abbé Fidèle Pindy, c'est mon papa. Depuis les lointains souvenirs de Makiosi, en passant par Kalonda, Mayidi et par le service commun au diocèse de Kenge, il a toujours été à mes côtés. Aux dernières nouvelles, il a été nommé curé à Matari. Antoine Mindua est un copain; et lorsque je dis copain, c'est la sève spéciale de Kalonda que nous partageons dans l'excellence. Lorsqu'il a été élu juge à la CPI, l'ami Arthur Pashi depuis St Louis Missouri, a fait une déclaration très significative: "Antoine, c'est nous".  Abbé Michel Ngob, un aîné qui m'a adopté depuis ma tendre enfance, comment ne pas lui rendre l'hommage et la reconnaissance qu'il mérite. On a parlé ce matin depuis son repère bavarois où il séjourné chez Mbuta Matensi. Enfin, Jean-Chrysostome Akenda, un ami de longue date dont la fidélité est indéfectible. Soeur Marie-Noelle Bukanga, une de nos protégées lorsqu'elle entrait au couvent, et qui a taillé sa vie religieuse dans une simplicité remarquable dont j'ai été témoin. Elle est à Turin depuis plus d'une année. Bref du beau monde qui m'est lié très fort, et auquel je me permets d'adresser une pensée amicale, fraternelle et chrétienne. Multos annos!
Tout en disant joyeux Noël et bonne année 2016 à chacun d'eux, je leur souhaite bon anniversaire. Que le Seigneur Eternel les patafiole!


22 décembre 2015

Le 22 décembre a été une journée spéciale, une journée de rencontres inhabituelles. Commençons par le commencement. Je venais de récupérer ma caracasse de BMW après plus d'un mois de garage, et j'étais heureux de la remettre une fois de plus sur la route. Dans la vie, on dit: mieux vaut traiter avec le diable qu'on connait plutôt qu'avec l'ange qu'on ne connait pas. Cet adage s'est avéré dans ma dernière aventure. Fin octobre, la voiture commençait à démarrer difficilement, mais démarrait quand même lorsqu'on la poussait. J'ai pris la résolution de consulter le mécanicien d'un ami sénégalais, lequel m'a renvoyé chez son collègue électricien. Ce dernier avait besoin, pour diagnostiquer la panne, de la garder pendant deux jours; mais la voiture continuait de démarrer normalement... jusqu'au jour où elle n'a plus démarré. Incompétence totale. Incapacité de donner un diagnostic crédible. Il fallait tantôt ceci, tantôt cela jusqu'à que j'ai effectué mes voyages pour la Martinique, et pour la Jamaïque. En plus de l'incompétence, ce monsieur est un très mauvais gestionnaire de son affaire. Comment peut-il gérer son garage sans jamais se donner la peine de répondre aux coups de fil ni de rappeler en cas d'absence? Je lui ai même envoyé un MSN depuis la Martinique pour qu'il me donne le numéros du chassis du véhicule, pas de réponse. A mon retour, je n'ai plus rien voulu entendre et ai récupéré le véhicule pour le soumettre au service de mon mécanicien habituel. J'avais évité d'aller chez lui, parce que j'estimais qu'il me faisait très cher ses services. Eh bi1ien, la panne de démarrage a été réparée en moins de trois jours par mon mécanicien.
Hier donc, en sortant de chez moi, à la station de bus, j'ai pris un monsieur de notre quartier qui donne des signes de débilité mentale. C'est à peine que j'ai pu comprendre qu'il souhaitait que je le dépose au rond-point de Orange Hill. Je n'ai pas pu échanger avec lui, car ses phrases étaient inaudibles et incompréhensibles. A l'université, je me suis accordé une pause à midi pour visiter un supermarché au bas de la colline. A mon retour, au moment de traverser pour une route secondaire, s'est affalé devant moi un monsieur qui tentait de traverser. Je suis sorti pour lui porter secours et le relever. "Are you drunk?", "No Sir. I just fall down anytime I make a faux pas. I am disabled and have no control over my movement with the cane." Il m'a remercié avant de continuer son chemin. C'était un handicapé physique. Plus tard, j'apprendrai qu'il s'appelle Jeffrey et qu'il est devenu estropié à la suite d'un accident de circulation.
Ces deux événements m'ont profondément touché à tel point que je me suis confié à la première collègue qui est passée à mon bureau. Comment expliquer qu'en l'espace de trois ou quatre heures, j'aie eu à porter assistance à deux handicapés: l'un mental et l'autre physique? Elle m'a répondu: "The answer to this is hidden in the unfathomable mystery of the divine will". "Amen!" ai-je répondu.

21 déc. 2015

Un bon scénario politique


Le pouvoir en place a tendance à ramener le débat à l'intérieur alors que l'opposition s'appuie sur l'extérieur. C'est un véritable conflit de forces. Le pouvoir est fort à l'intérieur où il maîtrise tous les maillons de la chaîne qui forme l'engrenage politique. Tandis que le régime au pouvoir présente le recours à l'extérieur comme une trahison ou comme un complot contre la république, l'opposition y voit la seule voie de salut tant est vrai que ses manoeuvres sont étouffées ou susceptibles de mener à une injuste condamnation. Chacun tire la couverture de son côté. Tout geste, dans ces conditions, est chargé de connotations pro ou contra.
Maître ou prétendant l'être à l'intérieur de son territoire, le régime peut aisément gérer toutes les crises, commettre des condamnations sommaires sans que l'étranger soit capable de percer le mystère. A l'intérieur, le despote sanguinaire agit en Dieu avec droit de vie et de mort sur tous ses compatriotes. Enlèvements, raids, kidnaping, dénigrements dans les média de l'état, propagandes pro-régime, constituent des puissants atouts pour les tenants du pouvoir. Le monde entier pourra crier haut et fort, sans que la donne intérieure change substantiellement. 
Lisez ou relisez l'Archipel du Goulag d'Alexandre Solzhenitsyn pour découvrir ce que cachaient les pouvoirs totalitaires, mus jadis par la propagande communiste russe. Le monde entier entendait parler des atrocités du Goulag, mais peu des témoignages vécus avaient été publiés avant le célèbre écrivain. Cette image illustre combien un régime peut tenir son peuple dans une prison, sans que celui-ci s'en rende compte. Passeports confisqués, ordres de mission refusés, interdictions de mouvement et de manifestations politiques, mises à résidences surveillées, incarcérations sommaires, filtrages d'entrées et de sorties hors du territoire national, autant de moyens dont dispose le pouvoir en place pour imposer sa loi. Comment parler d'alternative politique dans ces conditions?
L'intérieur du pays ressemble à un cocon impénétrable aux étrangers en dépit du fulgurant développement des médias et réseaux sociaux prompts à dénonçer les injustices et les actes criminels des dirigeants. Certains potentats vont jusqu'à assassiner des opposants où qu'ils se trouvent, simplement par crainte de se voir éclaboussés par leurs révélations. L'intimidation poussant les gens à la prudence, la vraie opposition fonctionne en réalité de/à l'extérieur alors que tout se passe à l'intérieur dudit pays. Le vrai pouvoir tourne autour du contrôle des forces armées, policières et sécuritaires. Qui les a, possède le pays. Car on peut ne pas être élu, et néanmoins détenir férocement le pouvoir entre ses mains.

Referendum au Rwanda, dialogue en RDC

Cette année a été décisive en Afrique Centrale et de l'Est en termes de démocratie. Les uns y voient un avancement pendant que d'autres y voient une consolidation de la volonté populaire. Plusieurs chefs qui sont annoncés fin mandat en 2016 ou 2017 ont touché à leur Constitution afin de permettre aux présidents de continuer un troisième mandat. Hier, le président s'est fait réélire au Burundi, passant outre la loi qui lui interdisait de se représenter pour un  troisième mandat. A Brazzaville, l'Assemblée nationale  a modifié la Constitution en faveur du président sortant. Aujourd'hui, le peuple rwandais est appelé à un referendum pour se prononcer sur la réforme de la Constitution qui va permettre à son président de se représenter jusqu'en l'année 2034. La clé du problème dans ces trois pays, c'est le rôle majeur de l'Assemblée nationale qui, en toute légitimité et liberté, peut décider de l'interprétation des lois.
En RDC, il y a une nuance fondamentale. On ne touche pas à la Constitution. Le président appelle à un dialogue sans annoncer son intention de se représenter ou pas. Chacun y va de son latin. Ses partisans trouvent cela légitime tandis que les opposants lui reprochent de semer de la confusion dans les esprits, en invitant les Congolais à un dialogue pour des élections apaisées. Les partisans soutiennent qu'au vu des réalités géopolitiques et des contraintes financières, le dialogue inclusif baliserait le terrain et dégagerait un consensus pour des élections libres, transparentes, peu onéreuses et crédibles. Le dialogue serait aux yeux des opposants une manoeuvre susceptible de retarder les élections et de favoriser le fameux glissement tant décrié. Y aura-t-il élection ou non cette année en RDC? La question reste sur les lèvres. La réponse à cette question dépend de l'humeur de l'interlocuteur et du côté où il se place. Attendons donc voir!

19 déc. 2015

Proficiat Abbé Modeste Kisambu

Joyeux anniversaire cher ami et frère Modeste!
Ah Mwana Muteba, j'aborde cette journée avec la pensée que pendant ce temps tu célèbres ce cap important de ta vie,  quelque part autour du Lac Léman, sans doute méditant sur les merveilles que le Seigneur a accomplies en toi, sur la vie avec ses hauts et ses bas, sur tout ce qui se passe par la tête. Tant de personnes, proches et lointaines, s'unissent à toi et te souhaitent "Tout de bon" comme on dit en Suisse. Gloire et louange soient rendues au Tout-Puissant Créateur pour ce don qu'Il t'accorde! Clavère, les jumeaux et moi-même nous joignons à cette prière pour toi.
Ad multos annos!

13 déc. 2015

La politique comme elle va (2)

"Claver,
En relisant tes articles sur le Burundi et au vu de ce qui s'y passe, je te donne pour une fois raison d'avoir depuis longtemps prévu ce qui s'y tramait. Tu avais des doutes quant à l'issue pacifique des élections. Oui, Pierre Nkurunziza a été réélu à un troisième mandat. Il a gagné les élections, mais le plus difficile est de gérer son controversé mandat. Tes analyses sur les situations du Sénégal, du Burkina Faso, du Congo et du Burundi, tiennent debout malgré une certaine naïveté intellectuelle dont tu fais preuve. T'en fais pas: on est toujours fils de son école.
J'émets des réserves au sujet de ton affirmation concernant la démocratie, lorsque tu soutiens que la démocratie appartient à ses propriétaires et créateurs européens. L'Ouest a une conception de la démocratie totalement différente de celle de la Chine, de la Corée du Nord, d'autres pays d'Asie et d'Afrique. Même chez nous il y a également des différences. Les Africains francophones, contrairement aux anglophones, procèdent par gesticulation au lieu d'appliquer intégralement les règles. Le Ghana, la Tanzanie, le Kenya, le Nigeria ou le Botswana semblent bien avancés sur ce plan; il y a alternance politique à l'issue de leurs élections. Une chose encore inconcevable chez les françophones sauf au Sénégal. Le pouvoir en place ayant scellé tout l'espace politique, le risque de recourir aux armes pourrait apparaître comme la seule forme de résistance valable. L'opposition constitutionnelle, corruptible et intimidable à souhait, ne dispose d'aucun moyen logistique pour réussir l'alternance.
Observons ce qui se passe ces jours-ci au Burundi. Les violences qui y éclatent ne sont pas étrangères aux dérapages de dernières élections présidentielles."
GF (Email du

11 déc. 2015

La politique comme elle va

La vie va comme la politique; elle a ses hauts, elle a ses bas. C'est-à-dire la politique est égale à elle-même quel que soit le pays que l'on habite. Quel scénario que le panorama politique de ce monde! Dans certains pays, c'est la confusion totale. Situation ingérable, on se complait dans des mesures ponctuelles destinées à retarder le processus irréversible de la démocratie. Du moins c'est ce qu'on laisse croire.
Il y les hauts: le temps de la réussite. L'aura du guide providentiel est portée aux nues pour que le monde entier voie ce dont il a été capable et les promesses qu'il pourrait accomplir dans l'avenir. Providentiel signifie irremplaçable, sacré et inamovible. Telle est la réalité politique dans sa vraie essence africaine. Le momentum doit être maintenu au sommet de l'état afin que la population ait des raisons de croire au caractère exceptionnel de son heureux et charismatique leader. Au peuple les danses, les éloges interminables! Au peuple l'émerveillement devant l'exceptionnel destin de celui qui a tué un lion à l'âge de cinq ans! Au peuple l'avilissement et la misère pendqnt que le chef amasse des millions en US dollars.
Il y a les bas. Le temps de la déchéance. On découvre l'autre face, la face cachée des manèges politiques.   Le temps où le chien refuse de croquer l'os au bout de sa gueule. Ce temps-là, le despote fait en sorte qu'il soit le plus bref pour que les plaisirs de grandeurs ne s'estompent. Nguz Karl I Bond a écrit que les soldats qui l'avaient accueilli avec respect à son arrivée à la cave du président Mobutu étaient les mêmes qui l'avaient humilié, tabassé et lui avaient jeté la nourriture par terre. Ainsi passe-t-on des hauts sommets vers les bas-fonds.
Ainsi va la politique à l'africaine. Puissant aujourd'hui, moribond et méconnaissable le lendemain. Le surhomme meurt quand même conformément à la justice divine. L'essentiel est de garder son cap et de s'assurer une bonne mort, digne et nationale. Le souci du leader est sa vie post mortem. Comment va la politique? Au rythme des alliances et des cartels. Au rythme des  trahisons et des calculs mensongers. Cela vaut pour tous les conducteurs d'hommes comme pour tous les pays du monde.

"Se radicaliser"

Voilà un terme qui, ces dernières années, prend des connotations étranges et dangereuses. Depuis la vague des engagements des jeunes dans des mouvements jihadistes, l'expression est de plus en plus employée dans le sens d'une perversion religieuse criminelle. Des jeunes gens quittent leurs familles, pour suivre une formation religieuse extrémiste. Des couples se convertissent à des théories dangereuses qui mêlent foi et action terroriste. Il serait vraiment intéressant de suivre l'évolution de cette expression, car elle est un signe manifeste d'un phénomène de société qui devient courant.
Remontant dans l'histoire, on retrouve ce phénomène presque à tous les tournants des crises majeures. Les croisades ou les pratiques de l'inquisition peuvent être considérées mutatis mutandi comme des formes de radicalisation. C'est l'espoir de changer le monde et d'y instaurer un ordre théocratique qui prime. Le fascisme par exemple a entraîné des jeunes gens dans l'espoir d'un monde totalitaire et monolithique avec toutes les dérives que cela comporte. Aujourd'hui, c'est le mouvement islamiste qui est pointé du doigt et qui cause le désarroi dans les familles comme dans des régions entières de la planète. C'est comme si rien ne pourrait s'opposer à l'ouragan de l'histoire dont le visage change à chaque ère.
"Se radicaliser", une voie de sortie dans un monde injuste et sans espoir pour les plus défavorisés. Une raison de vivre ou de manifester son pouvoir d'action dans un monde où les forces du Mal sévissent. Un slogan de lutte contre l'ordre universel. "Se radicaliser" dans le contexte actuel, c'est s'inscrire dans une irrémédiable dynamique d'action contre l'ordre mondial actuel - chrétien et occidental. Religion et pouvoir en constituent l'arrière-fond. Je pourrais me tromper, mais c'est ma vision des choses.
A problème radical, réponse radicale. C'est l'attitude du candidat républicain Trump qui s'en prend ouvertement à tous les musulmans. Une attitude également radicale, donc inacceptable et condamnable. "Tout est dans la mesure," disaient les classiques autrefois.
Y a-t-il lieu d'éviter la radicalisation des jeunes? Oui, sur papier, mais c'est plus difficile à tacler efficacement. La tolérance religieuse empêche de lire les intentions cachées des gourous fournisseurs des "radicalisés". Le fanatisme comporte plusieurs trajectoires stratégiques pour fasciner l'esprit des jeunes. Souvent, le jeune traqué par cet enseignement radical vit parmi nous, avec nous et partage nos tribulations quotidiennes. Le jour où il part pour le sanctuaire du salut est planifié de longue date, méticuleusement préparé sans qu'aucun des proches ne s'en rende compte. Un voyage tissé dans une toile de labyrinthe touristique, et le tour est joué. Qu'est-ce qui motive les jeunes à aller combattre avec l'EI ou Boko Haram? Comment expliquer qu'un jeune homme sain d'esprit et destiné à un fabuleux avenir en arrive à se faire exploser dans un marché ou un métro? Lorsque vous l'aurez compris rationnellement, vous comprendrez le sens de l'expression "se radicaliser".

9 déc. 2015

Le séminaire de Jamaïque

Du 2 au 4 décembre 2015 s'est tenu à Kingston, Jamaïque, un séminaire des départements universitaires de français et littératures pour le compte de l'AUF. Et à mon double titre de chef de département et de professeur de français, j'ai été invité à ces assises. Le séminaire était très bien organisé aussi bien par l'AUF que par notre campus-soeur de Mona. Congratulations aux organisateurs de deux institutions. 
Le Bureau de l'AUF Caraïbe est basé à Port-au-Prince, Haïti. MM. Charboneau et Mortelette ainsi que leur charmante secrétaire Mlle Sherly Zéphirin ont constitué une équipe solide et capitale pour la réussite de ce séminaire.
Les participants sont venus de quelque 8 pays: Haïti, Cuba, Santo Domingo, Barbade, Jamaique, Trinidad et Martinique. Le jeudi a été organisée une session pour tous les professeurs de français de Kingston.
Le séminaire était organisé en trois modules importants: les études empiriques et théoriques, les méthodes d'usage du digital dans l'enseignement du français et l'expérience soutenue des collègues dans leurs efforts d'améliorer l'enseignement du français. Une dizaine de collègues ont présenté leurs recherches et leurs programmes en FLE, en tirant avantage des nouvelles technologies: des exposés très pratiques sur les applications méthodologiques de TICE dans leurs universités d'éducation. La méthode de la classe inversée proposée par le Belge Marcel Lebrun a constitué la clef du séminaire. Réduisant au minimum l'enseignement en présentiel, cette méthode consiste à mettre l'apprenant au centre de l'enseignement plutôt que l'enseignant pourvoyeur de matière, à le rendre activement participant de la création, de l'animation et de l'évaluation du cours. Le rôle de l'AUF dans ce processus de vulgarisation de ces pratiques d'enseignement est d'en faciliter l'acquisition au moyen de séminaires, d'approvisionnements en données en ligne, ou d'assurer en cas de besoin un soutien financier. On a pu se familiariser avec l'usage des programmes tels que wikispace.com, zaption.com, kahoot.com ou carap.com; des véritables instruments pour faciliter l'enseignement en ligne.
Trois jours de travail intense où l'on quittait l'hôtel à 8 heures pour n'y revenir qu'après 18 heures. Trois jours d'études et de connaissance de nouvelles pratiques d'enseignement. Trois de convivialité et de collaboration laborieuses. Enfin, quatre jours de séjour en Jamaïque sans vraiment jouir de la Jamaïque. Voilà en résumé ce que nous avons vécu.
J'ai enfin pu mettre un visage au nom de Béatrice Boufoy-Bastic, Annette Insanally. J'ai fait la connaissance d'autres collègues. J'ai revu Drs. Mawena Logan, Anthea Morrison, Betty Wilson, Jane Small. D'Haïti, je connais le doyen Dorcil, Renauld Gauvin. De Sto Domingo Saskia qui m'a remis une carte de visite pour son cousin Da Costa Maming. Et de Cuba, Rocio, etc. J'ai beaucoup aimé le cadre du travail, et la simplicité des facilitateurs du séminaire. Je n'ai pas eu le temps d'aller au bureau de ma collègue Paulette Ramsey alors qu'avec Françoise et Marie-José tout s'est passé dans l'harmonie parfaite. Une fois, j'ai dû filer à l'anglaise, mais j'ai découvert que j'aurais pu filer à l'haïtienne aussi.
J'y ai beaucoup joué avec mon nom. A celles et ceux qui avaient du mal à dire Mabana, je proposais "Bahamas" ou "Habana de Cuba". J'ai été impressionné de voir l'effort consenti par les collègues de différentes entités universitaires pour rendre le français viable et accessible au plus grand nombre d'apprenants. Les amis de Cuba ou Santo Domingo ou d'Haïti étaient parmi les mieux informés, les plus passionnés et talentueux par rapport à ces nouvelles méthodes. Le 5 décembre, je suis retourné à la Barbade, heureux d'avoir fait la connaissance de ce beau monde.


Abbé Flavien Busina: 9.12.2006 - 9.12.2015

Neuf ans déjà écoulés depuis que Flavien Busina Bikakala a rejoint la maison du Père Céleste. Paix à son âme! Ci-dessous mon émail du 10 décembre 2006:

"Ami(e)s, Frères et Sœurs, 
Ce que nous craignions à propos de Flavien, est arrivé. Il est décédé ce samedi 9 décembre à 23 heures à Kinshasa, abandonné à lui-même. Sa lettre-testament adressée au clergé de Kenge parlait clairement de cet événement fatal. Rien n'a été fait: il n'a pas reçu les soins appropriés.
Homo homini lupus. Mon coeur brûle de douleur, d'indignation, de colère et de révolte devant le plaisir criminel et sadique que prennent les hommes à faire souffrir, que dis-je, mourir leur prochain. Quel scandale!
Flavien, aurais-je pu imaginer que la visite que je t'avais rendue à la procure en juillet 2005 serait notre dernière rencontre? Prêtre du Seigneur, tu es resté digne et fidèle serviteur jusqu'à la fin de ta vie. Tu as crié, mais personne n'a entendu ta voix. "Mpangi na mono kwenda mbote. Banzio ya Zulu bo kwisa kuyamba nge". Dieu te reçoive dans son royaume éternel. 
En union de prières
Claver"

 

7 déc. 2015

Adieu Tryphon Matensi

Un frère et ami d'enfance est décédé. C'est une douleur lancinante qui  m'a pris lorsque Zéphyrin m'a transmis la nouvelle de la mort de Tryphon Matensi. Paix à son âme! Comment dire? Il y a dans la vie des personnes avec lesquelles vous vivez très peu et dont les marques restent imprimées à vie. Après notre école primaire, j'ai très peu rencontré Tryphon, mais chaque rencontre était intense, une sorte de renaissance. Lorsque mes souvenirs me ramènent à mon temps d'école et à mes copains, je pense nécessairement à lui à côté d'autres comme Zéphyrin et Corneille Mukangu, Jacques Mutoni, Roger Ndandu, Tsema, etc. Le nom de Tryphon se trouve immortalisé dans la préface de mon livre Des transpositions francophones... de Chaka. Puisse cela lui servir d'éloge. Tryphon était un homme très courageux, intransigeant, discipliné. Sa fermeté et sa résistance à l'injustice lui ont une fois coûté l'incarcération; mais il a été acquitté sans outre. Par Ya Sylvain, j'ai su qu'il a humblement servi le pays dans la police nationale. Je n'étais pas surpris de l'apprendre; cela est à son honneur. A peine revenu malade de Lubumbashi, il n'a pas survécu un mois. Que la terre de nos ancêtres lui soit tendre. Le programme de l'inhumation n'est pas encore connu.
Tryphon  wendi kwandi. Nzambi kamusambula. C'est ce que j'ai écrit à Zéphyrin sur Facebook. Je m'unis de coeur à toute la famille pour le pleurer et lui rendre le dernier hommage. 
Wenda mboti mwana mama.

4 déc. 2015

Choix multiples: "Me ihyula maquestion, ihanaku mvutu"

Jamaïque. Si je dois qualifier ma nuit du 3 au 4 décembre, je dirais qu'elle a été un mélange d'humeurs. A la dernière session d'hier, j'ai fait la connaissance de M. Barth Iyemomay, un compatriote que j'avais pris au départ pour le mari d'une collègue de CXC, avant de découvrir qu'il était du Mayindombe. Je lui ai donné l'occasion de parler kisakata avec mon beau-frère Donat via Viber. Au lieu de prendre le bus commun pour l'hôtel, j'ai préféré faire un petit tour avec Barth, et ai pu ainsi rencontrer M. Pascal N'Dala, le mari de ma collègue.
Retourné à l'hôtel, j'ai tenté de me reconnecter avec les jumeaux à la Barbade en ce jour important. Ibangu et Mukawa étaient en train de partager leur gâteau d'anniversaire avec leurs proches amis, très occupés à la besogne. Tant mieux pour eux! Je leur ai transmis les voeux de leurs tontons et tantines - Floribert, Gaby, Noël, Amina, Fidèle, Fred, Blandine, Nick, Donat - que je remercie volontiers. Après avoir mis un peu d'ordre dans mes affaires, je suis allé à la gym pour une trentaine de minutes. Un rapide coucou au Hibou de Lyon que j'ai vu sur Skype. Puis, autour de 20h30, je me suis offert un tortellini au saumon; je n'ai pas cédé à la tentation de l'arroser au vin. A la télé, les informations n'étaient pas intéressantes, à mon avis. Des tueries comme toujours, peu ou pas d'événements heureux! Je me demande même si les média ne le font pas express de choisir des nouvelles de crime, guerre, misère, etc. 
Vers 3h30, j'ai été réveillé en sursaut par la sonnerie de mon portable. C'était L., mais je ne lui ai pas répondu car l'appareil était à quatre mètres et j'ai mis du temps à le joindre. Enervé, je n'ai pas non plus voulu le rappeler. J'ai pris le  temps de voir le programme de la journée et de mon voyage-retour avant de me recoucher. A mon grand étonnement, chose rare, je me suis rendormi. C'est bien sûr au réveil que je m'en suis rendu compte. Je me suis réveillé en éclats de rire. Et pour cause? Suivez ce dialogue en français-kipelende sorti de nulle part:
- A mbuta Du Monde. Que pensez-vous des questions à choix multiples?
- Nki? Bizame bi bahana mvutu ku maquestion? (Quoi. Ces examens où on donne des réponses aux questions?)
- Ee
- Me ihyula maquestion, ihanaku mvutu. (Moi, je pose des questions, je ne donne pas de réponses)
J'ai éclaté de rire, et je me suis réveillé. N'oubliez pas que je participe à un séminaire où les thèmes de l'enseignement et des méthodes d'évaluation du français sont évoqués. C'est ainsi que j'ai retrouvé la bonne humeur. Bonne journée!

3 déc. 2015

Joyeux anniversaire à Ibangu et Mukawa

3 décembre 2015. En ce jour, Madeleine-Chrystelle Ibangu et Claver Jr Mukawa fêtent leur neuvième anniversaire. Puisse l'Eternel les bénir et les protéger. Depuis Kingston, Jamaïque, où je me trouve en mission de service et conférence, je m'unis de coeur avec eux-mêmes et leur mère dans la jubilation et la joie de cet heureux événement.
Happy Birthday guys!

2 déc. 2015

Le Pape François en Afrique

Je n'ai pas eu le temps de suivre de près le voyage papal dans notre cher et beau continent, mais je me suis émerveillé devant quelques images o combien fantastiques. Quelques images m'ont touché. Ce n'est pas la première fois que je voyais un évêque danser, mais qu'ils aient été si nombreux mêlés à leur président qui s'est joint à la ligne, cela m'a fasciné. Quelle unité de coeur! Quelle vibration spirituelle!
S'il y a quelque chose que j'admire chez François, c'est sa simplicité. Je l'ai éprouvé la seule fois qu'il m'a été donné de prier avec lui dans la Basilique St Pierre. Je l'éprouve encore. Un pape qui improvise pendant la messe, Jean-Paul II le faisait aussi mais peu. En plus, il a une voix calme, sereine, mais chaude et émouvante. Il est impressionnant lorsqu'il aborde les hommes et les femmes de ce monde. La célébration qui a eu lieu au sanctuaire des martyrs d'Ouganda m'a profondément ému, me ramenant à mes jeunes années de vie et à des souvenirs de Rome. J'ai perçu mon ancien condisciple Christopher Kakooza dans la procession. L'ouverte de la porte sainte à la cathédrale de Bangui est un symbole très fort dans la vie de l'église universelle. Autant d'événements mémorables!
Je ne saurais prédire l'impact de cette visite dans la région et en Afrique; mais elle a marqué un engouement spirituel considérable dans les communautés visitées. Le Pape François, tout en confirmant ses frères et soeurs dans la foi, a redonné un espoir de paix et de justice à une Afrique prise en ôtage par les politi-chiens de tous bords.
Que Jésus-Christ soit loué!

Un AAC our votre information

Appel à contributions: L’Afrique des Grands Lacs - Annuaire 2015 -2016
« L’Afrique des Grands Lacs » est une publication annuelle à comité de lecture. Cet Annuaire publie des articles d’ « histoire immédiate » axée sur l’économie politique de la région qui englobe le Rwanda, le Burundi, l'est de la République Démocratique du Congo et l'Ouganda. Les auteurs intéressés sont invités à envoyer un résumé de 200 à 300 mots à Mathias.DeRoeck@uantwerpen.be avant le 31 décembre 2015. Le nombre maximal de propositions d’un auteur est de deux. Le comité de rédaction fait une première sélection sur base des thèmes proposés, de l'actualité et de la validité scientifique du résumé. La date limite de soumission des articles complets est le 31 mars 2016. Les papiers sélectionnés (max. 8000 mots) seront évalués par un comité de lecture. Pour plus d’information sur l’ « Afrique des Grands Lacs » consultez:
Pour toutes questions, veuillez contacter Mathias.DeRoeck@uantwerpen.be

 

1 déc. 2015

En Jamaïque après treize ans

1er décembre 2015. Je suis de nouveau en Jamaïque après près de treize ans d'absence. Le première fois avait eu lieu en 2002 à l'occasion du premier festival intercampus de l'UWI auquel j'avais eu le privilège de participer. J'avais accompagné les étudiants de français qui avait joué La tragédie du roi Christophe d'Aimé Césaire. Ce fut ma première rencontre avec des collègues: Nicole Roberts, Marie-José Ntengou, Esperanza, Claudette Williams, Françoise Cevaër, etc. De Cave Hill on était venus avec un groupe de dix étudiants dirigés par Anthea Morrison et Javier Badiola. Je devais cette plaisante visite à ma coordinatrice d'alors Amparo McWatt, qui avait tenu à ce que je sois de la partie.
Treize ans plus tard, c'est l'AUF, l'Agence Universitaire de la Francophonie, qui m'a invité à participer à un Séminaire régional des départements de français. Lorsque l'idée du séminaire était sortie, c'est moi qui ai suggéré, au grand déplaisir de ma collègue Dr Paulette Ramsey, que la rencontre se tienne à Mona. Quitte à voir pour les années suivantes. Très bien organisé, tout s'est passé dans l'ordre. Coup de chapeau à Mlle Sherlie Zephirin et à Françoise Cévaër!
Lors des formalités d'immigration, l'agente m'a interrogé:
- Sir, how come you got your visa from Trinidad, is there no High Commission in Barbados?
- No, as far as I know.
- Was it not possible to obtain the visa from Barbados?
- No, as far as I know. 
- How come?
- You represent the Jamaican authorities; you should know the answer better than I do. 
- Where were you born?
- In Kimbau.
- Where exactly?
- In Kimbau exactly, D R Congo.
....
- Have a nice stay in Jamaica.
Réveillé à 3h45, encore dois-je me demander si j'ai dormi, j'ai pris le taxi que j'ai  commandé à 4h15 pour arriver à BGI à 4h45. Très bon timing. Décollage parfait pour Trinidad où alors que nous étions déjà contrôlés, on nous a encore soumis à des fouilles systématiques. Changement d'avion. A Manley, le contrôle était encore plus serré: des chiens circulaient partout et fouinaient tout. Je n'ai jamais vu un tel spectacle. Une navette nous attendait à la sortie. Il faut avouer que le voyage s'est en général bien passé malgré l'inévitable fatigue.
Au Knutsford Hotel, coup de théâtre. Nous devons attendre jusqu'à 15 heures pour obtenir des chambres. Avec les collègues de Trinidad (Eric Maîtrejean, Mathilde Dallier) et de Martinique (Jean David Bellonie, Nicole Koulayan), on prend son mal en patience. Nous rejoint dans le vestibule Sherlie Zéphirin qui nous donne des informations et nous distribue le pécule. On prend le déjeuner au restaurant de l'hôtel. A peine j'entre dans la chambre qui m'est attribuée que Françoise Cévaer et Béatrice Batick-Boufoy m'appellent pour une réunion. Je viens de finir la réunion il y a une trentaine de minutes. Les activités commencent demain à 8h30.

30 nov. 2015

Adieu Jonah Lomu

Adieu Champion! Je me souviens des lancées solitaires et héroïques de Jonah Lomu en Afrique du Sud lors du Mundial de Rugby qui s'est déroulé. Je me souviens encore des signes de victoire de Nelson Mandela, acclamant son équipe. Ces deux figures légendaires se retrouvent unis dans leur dernière demeure.
J'admire l'excellence et exècre la médiocrité. Il n'avait que vingt ans lorsque le monde du sport a découvert son extraordinaire talent de rugbyman. Une rapidité époustouflante, une force musculaire et physique spectaculaire, couronnées par une chevelure rassemblée en bec de coq. C'est comme cela que j'ai vu et apprécié la légende de la Nouvelle Zélande dont je découvrais le rugby à l'époque. Très loin des fades rencontres que je voyais chez les Français! Jonah Lomu, une machine à essais et un faiseur de victoires. Inarrêtable, il était encore au sommet de son métier lorsqu'il a été frappé par la maladie. Et voilà qu'il est parti aujourd'hui ad patrem. Que la terre des ancêtres lui soit tendre. 
Adieu Champion!

C'est parti pour un autre dialogue en RDC

En RDC, c'est décidé: un dialogue a été convoqué à moins de treize mois des élections. Sans date mais avec l'objectif d'avoir des élections apaisées. Je ne suis pas politologue, mais je me pose quand même des questions. Peut-être parce que je suis ignorant des réalités du pays, peut-être parce que je vis en dehors de ce pays. Un ami prêtre dit que c'est une solution à doubles pièges. Soit on repoussera de quelques années les élections car à cette allure il ne voit pas les élections avoir lieu dans les délais constitutionnels. C'est peut-être ce que le pouvoir en place pourrait obtenir. Ou bien, il en doute, ce sera pour affiner le processus électoral, et encore une fois, en raison de crise financière, changer les modalités du scrutin. La majorité présidentielle approuve et applaudit alors que l'opposition n'y voit ques des manoeuvres astucieuses pour torpiller le processus démocratique et revenir à un pouvoir autocratique. Dans la semaine, le comité permanent des évêques catholiques a publié un document appelant à ce que le sang ne soit pas versé dans ce processus. Un ensemble de désaccords sur beaucoup de points depuis le passage de 11 à 26 provinces, la nomination des commissaires spéciaux à la tête des provinces, la mise en place de la CENI jusqu'à ce dialogue. Depuis Kabila Désir jusqu'aux mesures spéciales de grâce présidentielle annoncées. Un ensemble de flous pèse sur tous les plans: il y a des agendas si pas cachés, mais à vue. Chacun l'interprète dans son sens. Y aura-t-il élection? Y aura pas? Niente di sicuro! Politica, politica, mani pulite!

27 nov. 2015

Retour à la Barbade: 26.11.15

Depuis hier 26 novembre 2015 après-midi, je suis de retour à la Barbade. Le séjour à la Martinique a été des plus actifs et instructifs. Une conférence intéressante sur le postcolonial où il m'a été donné de suivre les présentations de quelques sommités connues du monde intellectuel. Des personnages à la fois d'une intelligence  admirable, mais d'une simplicité surprenante. Convivialité, échanges intellectuels, débats d'idées avec ce que cela comporte de dérapage et de défi, tout était au rendez-vous. 
Force m'est de reconnaître la qualité remarquable des interventions; et la présence de plusieurs spécialistes du domaine y était pour beaucoup. Un Adlai Murdoch ou une Lydie Moudileno font figure d'autorités dans le postcolonial. Michel Laronde travaille depuis plus de vingt ans sur son concept de post-contact ou des littérations des immigrations. Bref, cette conférence a rassemblé un excellent aéropage de chercheurs pluridisciplinaires (historiens, psychologues,  critiques littéraires, théoriciens, philosophes, sociologues, philologues, etc) . Chapeau aux organisateurs!
Comme il y a dix ans, la conférence s'est bien passée malgré les longues attentes, et parfois l'improvisation. Rarement les ateliers ont commencé ou fini à l'heure; une fois, on est allés jusqu'au-delà de 19 heures. Les communications faites par Skype ne m'ont pas plu, quoique cela relève d'une bonne prouesse technologique. Le 25 novembre, le programme m'indiquait comme modérateur d'un atelier au même moment où je devais faire ma présentation dans un autre atelier. Cela s'est réglé à mon insu. La communication a été depuis le début le maillon faible de la chaîne. Je conseillerais volontiers aux collègues d'améliorer ce point.
Contrairement à la conférence Images de soi organisée sur plusieurs sites de l'île, celle-ci n'a pas permis un tour de la ville ni de la Martinique. Rien n'était prévu non plus au programme. Cela pourrait s'expliquer par des coupes budgétaires habituelles dans nos universités. Le dernier après-midi, j'ai profité d'une voiture qui conduisait le collègue Lawson-Hellu au centre-ville, pour effectuer un petit tour touristique à Fort-de-France, au marché, à l'hôtel de ville, à la bibliothèque Schoelcher où Chamoiseau était censé déposer les cahiers de Marie-Sophie Laborieux, à la librairie Alexandra où on a rencontré d'autres conférenciers, au port d'où des bateaux vont vers Ste Lucie, Dominique ou Guadeloupe. Que des souvenirs également!
Retourné à l'hôtel, je suis tout de suite parti pour Hyper U acheter quelques denrées alimentaires qu'on ne trouve pas à la Barbade. Je ne vous dis pas lesquelles, mais je n'ai pas manqué de glisser une bouteille de Champagne. A l'aller comme au retour, le bus m'a pris sans que je perde une minute. Bon tempo.
Maître Jourdain du Postcolonial a passé un séjour agréable et enrichissant à la Martinique du 22 au 26 novembre 2015. Il a assené quelques coups et uppercuts à la Francophonie pour défendre son idée des francophonies périphériques. Quoiqu'il n'ait pas pu nécessairement conquérir quelques adeptes, son message a été diffusé. Le retour à la Barbade s'est passé sans histoires, en compagnie de Dr Laté Lawson-Hellu qui a pris une correspondance Air Canada pour Toronto.

25 nov. 2015

« Ecrire en situation postcoloniale : la francophonie en question»



25 novembre 2015. Aperçu de mon exposé.
Au-delà du débat théorique  et politique que soulève le concept de francophonie, il semble intéressant d’examiner cela sous un point de vue postcolonial. Quel type de rapport la francophonie entretient-elle avec le postcolonial ? Ou mieux comment concevoir la francophonie dans le contexte du postcolonial ? Pour répondre à ces questions, il importera d’abord de remonter à l’origine de ces notions et de retrouver les fondements théoriques, idéologiques et culturels qu’elles comportent. Si la francophonie relève fondamentalement de la matrice française et pose l’opposition francophone vs français comme un point d’ancrage, le postcolonial rompt avec l’unicité monolithique française et embrasse volontiers le pluralisme et la diversité. Par rapport au discours en vigueur sur la francophonie, par rapport à l’enlisement qui guette la pensée française, le discours postcolonial semble mieux indiqué pour résoudre le cercle vicieux. Et c’est ici que le débat tire sa pertinence. Détracteurs et défenseurs de la francophonie s’affrontent dans une interminable querelle de mots et d’idéologies. Dans le contexte littéraire, les écrivains non français, donc classés comme francophones, souffrent d’un complexe de marginalisation. Les activistes politiques et culturels ne voient dans la francophonie qu’une survivance post-indépendante du néo-colonialisme, qu’une dissimulation de l’impérialisme français. Selon eux, la francophonie sert plus les intérêts de la France que ceux de locuteurs qui se réclament la langue française. Et ces ambiguïtés délibérément entretenues semblent insurmontables. Dans mon livre, Ecritures en situation postcoloniales : francophonies périphériques, paru en 2013 aux Publications Universitaires Européennes, j’ai insisté sur ce malaise que soulève le fait d’écrire en français et j’ai utilisé  l’expression « francophonies périphériques » dans la suite normale de littérature-monde forgé M. Le Bris et J. Rouaud, ou de littératures-mondes dont parle Oana Panaïte, conformation à la notion de tout-monde d’Edouard Glissant.

23 nov. 2015

Début du colloque sur le postcolonial

23 novembre 2015. Je me suis réveillé de bonne heure, ai tenté d'appeler ma maison mais pour réaliser que je n'ai pas de connexion faute d'unités. J'actionne l'ordinateur, mais personne de l'autre côté n'est sur Skype ni Messenger. J'envoie quand même des messages pour m'assurer que mon message arrive à destination.
- "Vous êtes studieux; vous n'arrêtez pas d'écrire", m'interrompt Mylène Thérese Jeannot, chargée de relations publiques du colloque, qui passe dans l'amphy pendant la pause-café. 
- "Plus paresseux que moi, vous n'en avez jamais vu. Merci quand même pour le compliment.", que je lui réponds. Elle éclate d'un rire typiquement caribéen. Revenons à nos chiens, pour éviter les moutons de l'hôtel.
Je descends au restau. Qui je vois? Lydie Moudileno qui m'apprend qu'il y a une navette prévue à 8 h. Lydie, je l'ai connue à Berlin et l'ai invitée à notre colloque Antillanité, créolité, littérature-monde de 2010. Cette franco-congolaise détient une grande réputation dans le domaine des études postcoloniales africaines et caribéennes. Comme le programme ne commence pas avant 9 heures, je prends mon temps. Le buffet est complet pour tous les goûts. J'évite le gras depuis un certain temps, mais je prends quand même du lard aux omelettes. Fabienne, enseignante à Londres, qui est partie pour la navette, me dit que ce sera prêt autour de 8h30. Ce qui m'arrange parfaitement. Que non! J'arrive tard; c'est parti. Soit. J'ai encore le temps. Une dame de l'hôtel m'embarque dans une voiture des conférenciers, qui me conduit à Schoelcher. 
Je découvre dans l'amphy que la dame qui était avec moi dans la voiture s'appelle Anny Curtius. Un nom connu pour l'avoir cité dans mon livre Ecritures en situation postcoloniale. Le chauffeur c'est Michel Laronde, et le troisième homme s'appelle Adlai Murdoch. Des noms qui ne vous disent rien, mais connus des spécialistes du postcolonialisme. Que le monde est petit! Il le sera encore lorsque je revois d'autres collègues que j'avais croisés au colloque Images de soi en 2005. Après avoir été présenté à l'organisateur principal, M. Alexandre Alaric, je reconnais Rodolphe Soubiat, Patricia Donatien, Christine Raguet, Fathallah Daghmi, et d'autres. Avec Fathallah, on a une longue conversation: nous parlons de l'Afrique, et de nos réalités politiques et sociales. D'origine marocaine, il enseigne à Poitiers. Un très bel échange enrichissant et instructif pour chacun de nous.
Maintenant il est 11h19; on nous annonce que le déjeuner aure lieu dans la salle du CROUs à 12h30.

22 nov. 2015

22 novembre: Cap sur la Martinique

Il y a dix ans jour pour jour, j'étais en conférence à Fort-de-France. Et le 23 novembre 2005, j'eus l'immense honneur et plaisir de rencontrer le poète Aimé Césaire. "Quarante-cinq minutes avec Aimé Césaire" était écrit pour que le souvenir de cette rencontre ne disparaisse pas. Le texte existe en ligne et est encore accessible.
22 novembre 2015, je suis de nouveau à Fort-de-France pour une autre conférence sur la théorie postcoloniale. Arrivé relativement tôt, j'ai dû attendre jusqu'à 14 heures pour obtenir une chambre au Squash Hotel. Je me suis installé dans leur restaurant pour travailler, compléter mes notes, rédiger quelques courriels, etc. Première déception, on me met au 3e étage dans un bâtiment sans ascenseur. Je réussis quand même à obtenir une chambre au rez-de-chaussée, plus commode que la première. Après une petite promenade dans les environs, j'ai pu prendre un dîner-buffet. 
A BGI j'ai rencontré mon collègue Adrian Cashman et Daniela Santos, tous les deux en partance pour le Brésil. Spécialiste de gestion de l'eau au Cermes, Adrian est parti pour une conférence sur la protection de l'eau à Forteleza; Daniela m'a appris qu'elle quittait l'île, mettant brusquement fin à ses études doctorales. Dommage quoique prévisible! A la conférence de Schoelcher qui aura lieu du 23 au 25, il y a au moins sept chercheurs que je connais. Entre autres: Lydie Moudileno, Martin Munroe, Patricia Yssa Donatien, Rodolphe Soubiat, et mes collègues de l'UWI. A demain.

20 nov. 2015

Nge kuzola kubaka kikhokoto?

Nge kuzala kubaka kikhokoto... kikhokoti... kinkhokotu (?). Quand il a vieilli, il disait: Nge kuzola kubaka kikokota. Une performance linguistique que seul Mutekulu Kahiudi a retenue. Cette phrase fut la seule que mon noble grand-papa pouvait prononcer en kikongo. Tous ses petits-enfants, les vrais, la connaissent.
Paix et honneur Kha Kahiudi!

19 nov. 2015

Un voyage comme pas deux

Voyager n'est pas toujours facile; il arrive des situations incongrues. Pour un Africain, c'est encore plus difficile quoique l'on n'ait rien à se reprocher sur le plan du casier judiciaire. Les choses se compliquent lorsqu'on ose pointer son nez dans certains coins du monde. C'est la dure réalité de la vie où certains se permettent tout et où d'autres ne bénéficient d'aucun droit. Là, dimanche, je me suis inscrit à participer à la conférence sur la théorie postcoloniale organisée par l'université des Antilles du 23 au 25 novembre. Pour y aller, il me faudra d'abord prendre le visa à l'île voisine de St Lucie où se trouve l'ambassade de France. Auparavant, on allait à Trinidad; mais depuis cette année, les choses ont changé. C'est à Castries que sont désormais traités les dossiers de visas Schengen pour la France. Seulement voilà. Pour aller à Ste Lucie, il me faudra faire escale à l'aéroport de Fort-de-France sans descendre de l'avion. Donc, je passerai donc par la Martinique pour obtenir le visa de la Martinique. Ces misères, je crois qu'elles ne sont réservées qu'à moi. .


Un crochet à l'île de Ste Lucie



18 novembre 2015. Il est 12h36. Je me trouve devant la mer, à la plage en face de l’aéroport de Ste Lucie. Je viens de m’offrir un plat antillais : de la daurade bouillie avec riz, patate douce, igname, fruit à pain et de la salade verte mélangée à la tomate et la carotte. Le plat complet aurait inclus des haricots. Un peu lourd, mais j’ai besoin de me sentir vivre car j’ai eu une nuit des plus stressées. De tous les voyages que j’aie effectués de ma vie, celui-ci a été le plus agité à cause de l’insécurité où je me suis retrouvé.
En route pour Ste Lucie. Après l’échéance du délai donné par l’appel à contributions, j’ai été invité à participer à une conférence sur le post-colonialisme à la Martinique du 23 au 25 novembre. A la demande expresse d’une collègue professeur de littérature caribéenne anglophone informée qu’on souhaite une présence des trois campus à cette conférence, J’ai ainsi soumis ma proposition aux organisateurs le 18 août. J’attendais une réponse immédiate, mais cela n’a pas été le cas. Il m’a fallu attendre jusqu’au 28 octobre pour recevoir un programme dans lequel ma proposition a été reprise, suggérant de fait que mon papier était accepté.
Pourtant j’avais mentionné expressément qu’il me fallait une réponse immédiate afin que j’entreprenne les démarches de financement et de voyage. N’ayant rien obtenu, j’avais simplement déconsidéré cette conférence et programmé de participer au CHIPS, notre symposium de philosophie habituel de Cave Hill. Mais comme le symposium a été annulé,  j’ai accepté spontanément d’aller en Martinique quoi que cela m’en coûte. J’ai donc pris les dispositions nécessaires : autorisations de mes supérieurs, nomination d’un remplacement, recherche de fonds mais au titre rétroactif, etc. Car  j’ai une moyenne de deux conférences annuelles au cours desquelles je présente un sujet.
Le visa de Martinique, il faut le chercher à l’ambassade de France à Castries, St Lucie plutôt qu’à Trinidad et Tobago comme ce fut le cas par le passé. Il faut obtenir un rendez-vous chez les Français et solliciter un visa à Ste Lucie. Après avoir pris des informations, j’ai scanné et envoyé tous le dossier au service d’immigration de Ste Lucie. Ce service n’ayant jamais accusé réception de ce courrier, l’idée m’est alors venue d’utiliser les relations d’un collègue st-lucien. Mr NN a pris les choses en mains. Je croyais naïvement que, vu la position de ce monsieur, j’allais facilement obtenir le document. J’ai passé toute la journée d’hier et toute la nuit à attendre ce document. Il n’est pas arrivé. De cœur las, j’ai appelé Mr NN qui m’a rassuré : « Do not worry, do not stress yourself. You will travel tomorrow. Immigration already knows your case. You will get sorted out ».
Ce matin, nous sommes partis de la maison à 6h20 pour l’aéroport. De là, Clavère devait ramener les enfants à leur école. J’étais parmi les premiers à arriver à l’aérogare, mais le dernier à embarquer. On a même fait une annonce pour que je me présente immédiatement à la porte 11. J’ai raté le bus commun ; une agent m’a accompagné jusqu'à l’avion. Vous vous demandez ce qui s’est passé entre temps. Eh bien, je n’avais pas le visa waiver pour Ste Lucie. Mr. NN, en homme important, m’a promis qu’un email serait envoyé par le service d’immigration de Ste Lucie dans les cinq minutes qui suivaient, mais le document n’est pas arrivé jusqu’à la clôture de Check-in. Devant cette situation, il a appelé le chef de police de l’aéroport pour qu’un OK oral soit donné et qu’on me laisse embarquer. Mr. NN a de l’autorité, il a résolu le problème sans se déplacer de sa maison. L’avion est passé à Fort-de-France, Martinique, avant d’atterrir à Castries.
Mon rendez-vous à l’ambassade était à10h ; l’avion est arrivé à 10h10. A la sortie, j’ai cherché un taxi mais un taximan m’a conseillé plut de marcher, tellement c’est près. Effectivement, cela m’a pris 7-8 minutes pour atteindre l’ambassade française. Le passage à l’ambassade a duré vingt-vingt-cinq  minutes au maximum. Curieusement, j’ai fourni moi-même la photo mais ils ont pris mes empreintes digitales. C’est parce que je dois attendre jusqu’à 14 heures que je me suis arrêté à ce malewa de luxe comme seuls les Antillais savent le faire. J’écris ce passage en somnolant à moins de trente mètres de la mer : l’idée m’est même venue d’aller m’y baigner, mais je n’ai pas l’équipement approprié. Au moins, je peux profiter de la brise antillaise et rincer l’œil en regardant des touristes qui n’ont pas froid de s’exposer au regard collectif des rodeurs. Je pense à ce fabuleux panorama qui a sans doute inspiré les génies de Sir Arthur Lewis et Derek Walcott pour obtenir des Prix Nobel. Les reflets des montagnes et collines sur la mer sont sublimes à contempler. A présent, il reste près de quarante minutes avant de retourner à l’ambassade, j’en profite pour faire des photos-souvenirs.
Un peu plus tard, E. Louis, une ancienne étudiante à présent enseignante, viendra me prendre pour un petit tour de l’île. Je connais un peu l’île. J’y étais en 2006 avec Clavère pour présenter une conférence à l’Alliance Française.