Le 28 août est une date fatidique dans ma vie. Il y a trente ans, à deux coins lointains de l'univers, se sont passés deux événements que je n'oublierai jamais. De loin, je subis de plein fouet la trahison de ceux que je considérais comme amis. Inutile d'y revenir. Par contre, je tiens à revenir au problème fondamental que rappellent ces événements: mon identité.
28/8/1990. Je viens de finir mon ministère à Königstein, et me prépare à rentrer à Fribourg. Le dimanche, j'ai officiellement pris congé de mes ouailles, que dis-je, des ouailles du curé Paul Lavatsch d'heureuse mémoire. Königstein, siège d'importants organismes et entreprises bancaires, désengorge en quelque sorte Francfort. Il y a par exemple les bureaux de "Kirche in Not" ou Eglise en Détresse. Comme je dois faire un crochet de trois jours à Munich chez Mama Resie, j'ai décidé d’affréter ma valise depuis la gare centrale de Frankfurt pour Fribourg. Il est à peu près 9 heures. Pendant que je remplis les formulaires, mon petit sac à main contenant passeport et autres importants documents, est volé. Quelques secondes d'inattention ont suffis pour que j'en sois dévalisé. Le temps de réaliser la catastrophe, complètement dépassé, déphasé, désorienté, perdu et hagard, il m'est suggéré de me rendre aux objets perdus et à la police de la gare. Mesure de précaution: la police me conseille d'alerter banque, poste et de suspendre toute opération financière. Comme tombé tu ciel, un chrétien qui n'a pas pu me dire au revoir à Königstein, Dr Lichtenhahn me rencontre par hasard et me remet spontanément 300 DM qu'il retire sous mes yeux d'un distributeur automatique. N'est-ce pas cela la Providence divine? Changement d'itinéraire: je dois me rendre à l'ambassade du Zaïre à Bonn pour un autre passeport. J'ai déjà raconté sur ce blog ce qui s'est passé par la suite. J'y arrive vers 14h30. Accueilli froidement par une dame qui mangeait son kwanga avec du makayabu ou lamer, j'étais sidéré de voir qu'il n'y avait pas de siège où écrire. L'ambassadeur que j'interpelle ignore mes respects. On me donne un tenant-lieu de passeport qui me permet de traverser la frontière suisse à Bâles; je vous épargne les détails. Trois jours après mon retour, la Police des Étrangers de Fribourg m'appelle pour récupérer mes "objets perdus" retrouvés à Darmstadt, à 100 Km de Francfort. Je retrouve mon pass et mes autres documents dans un état acceptable. Je réactualise les documents sécurisés sans grands dommages. Comme quoi j'ai eu de la chance. Mieux, la Providence a pris soin de moi. Blessed even or especially in hard times!
Bis repetita. Si vous lisez ce blog, vous saurez que j'ai connu la même aventure le 13 décembre 2013 en Belgique. J'ai donc l'expérience de la perte d'identité. Elle n'est pas agréable, alors pas du tout. A Francfort, tout était volé, même ma carte d'étudiant. A Bruxelles, j'avais sur moi mon permis de conduire barbadien comme seule preuve de mon domicile. Je ne retombe pas dans les sentiments malheureux que je vécus à ces occasions. Tu te sens anéanti, dépossédé de ton être comme si ta vie ne tenait qu'à ce papier ou document. Tu es on dirait vidé de ta substance. Je me souviens bien de ce malaise de vide qui n'est à nul autre pareil. Au-delà de la détention de ces documents, la solidarité humaine te rappelle que tu es un homme parmi d'autres quel que soit ton sort. Bref, sans être pessimiste, je tiens le 28 août pour une date inscrite dans mon fatum comme un moment d'épreuve et de questionnement.
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