De l'autre côté du miroir
J'aime ton blog. Permets que j'y publie les réflexions suivantes.
Rien n'est plus difficile que de rester soi-même, à moins d'avoir une conscience mal formée. A force de faire le mal, on finit par transformer le mal en bien. Le crime est banalisé au même niveau que la bonne action. Oui, le monde s'effondre.
Vaut-il encore la peine de faire des études de philosophie? Cette question me fut posée il y a trente-trois ans par mon oncle Mashamba. Je ne l'oublierai jamais. J'attendais le visa pour mon voyage d'études en Suisse. Selon lui, le pays était tellement par terre que pour survivre il fallait à tout prix renoncer à penser. Seul moyen pour tenir le coup dans ce contexte. Je lui avais donné tort en mon for intérieur sans le lui manifester car à l'époque je plaçais la philosophie sur un piédestal pour m'en défaire totalement. Comme il me fallait définir ma branche - philosophie ou philologie et lettres inexistante -, je remis la pendule à l'heure. J'ai pris l'option de me faire littéraire un peu contre mon gré, étant sous les ordres de la hiérarche. A quelque chose malheur est bon. Je tins à insuffler de l'équilibre dans mon être à travers ma formation. Ce bout-là, aussi contradictoire et réfutable soit-il, je le tiens jusqu'à ce jour.
Aliéné par la beauté de mon image? Que non, je ne suis pas Narcisse. Mon maître, c'est Kha Kahiudi bien avant Louis Lavelle. Cela ne revient-il pas au même?
Je disais à quelqu'un il y a quelques jours que je suis très victime de ma formation scolaire et spirituelle. Pourrait-il en être autrement? Je réfléchis à travers des créneaux relativement étroits au point qu'il y a des gens qui me traitent encore de calotin. L'étiquette dévote ne me quittera peut-être jamais. Ma muse me le rappelle souvent: "Comporte-toi en conséquence." La séparation totale est difficile parce que je tiens à quelques principes fondamentaux qui tissent et guident ma vie. C'est le défi de ma vie. Combien de fois n'ai-je pas renoncé à approfondir l'analyse d'un texte simplement parce que le non-dit de ce texte m'aliénait de mes options essentielles de vie? Une sorte de pudeur, peut-être d'hypocrisie ou de timidité. Un peu de tout cela. Combien de fois n'ai-je pas jugé une situation comme le ferait un prédicateur devant ses ouailles? Tout compte fait, je garde quand même un certain anonymat pour ne pas dire une certaine discrétion sur ma première vie. Pas si vrai que cela.
S'il est cependant une chose qui demeure intacte, c'est mon moi. Au-delà de toutes les considérations sociales ou philosophiques, je demeure moi-même. Toujours égal à moi-même, têtu comme un cheval rébelle, je ne change pas facilement mes idées quoique je m'adapte aux circonstances ambiantes. Les conseils que me prodiguent ma muse et mes proches demeurent des pistes que j'intériorise pour personaliser mes décisions. Je décide, et j'assume mes décisions. Je ne recours plus à la générosité de qui que ce soit. Je n'ai plus de bienfaiteurs ni de bienfaitrices. Je garde mes amis, du moins ceux ou celles qui tiennent aussi à moi. Je vis, je me bats par mon travail; et cela me permet de tenir les deux bouts de l'année. Le grand train de vie m'est indifférent. L'appât de l'enrichissement illicite ou malhonnête ne me tente pas, sinon je n'aurais choisi ce chemin de vie. Chaque centime de mon salaire est gagné à la sueur de mon front. Que des amis ou congénères étalent des biens matériels et des comptes en banque à vous couper le souffle, ne m'émeut pas outre-mesure. Je vis ma vie. Je ne crois pas qu'ils en soient plus heureux surtout s'ils ont recouru à la fraude ou à la malversation pour les obtenir ou s'ils ont détourné des biens et des deniers publics, extorqué ou volé l'argent des privés ou du contribuable. La tentation ne m'a jamais pris de faire comme eux car je tiens l'honnêteté pour une vertu inaliénable. Ce que je volerais demeurerait une perpétuelle épée de Damoclès sur ma tête. Jamais je ne transformerais un crime en bonne action quelle que soit le motif de mon forfait.
Je reste moi. Je ne me laisse pas envoûté par les mouvements actuels d'aisance matérielle. Ma vie ne change pas: je crois que j'ai tout ce qu'il faut pour vivre. Très peu de choses font mon bonheur. Ce qui me manque ne me revient pas, je l'oublie. Ce que je désire, je l'obtiens sans que je le demande. Cela vient à ma rencontre. Je crois à la Providence. Je ne suis pas saint, je ne suis pas Narcisse, l'autre côté du miroir ne m'attire pas car je ne me verrai jamais beau. Je suis moi.
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