"Claver,
Merci d'avoir soulevé la question de l’héritage. J'en sais quelque chose pour en avoir bénéficié moi-même. Il y a plusieurs années mourrait quelque part une personne dont l'aide financière s'est révélée importante dans ma vie. Genre Mme Huber pour toi. N'ayant pas eu d'enfant biologique, je suis devenu son fils par la force des choses. Assistant social, j'allais lui rendre visite dans le cadre de mon service; puis s'est tissée une familiarité entre nous. Je la taquinais au début poliment, puis je me suis rendu compte qu'elle aimait bien mes blagues. J'ai compris qu'elle avait une douleur intérieure qu'elle essayait de surmonter par des éclats de rire libérateurs ou thérapeutiques. Elle aimait bien que je lui lise quelques pages de journaux où des sujets plaisants étaient publiés. Et comme je n'avais pas encore de famille moi-même, il me plaisait de lui consacrer un peu plus de temps. Avec le temps, elle est devenue comme un membre de ma famille.
Elle n'était pas riche, mais a vécu une vie relativement décente. Un jour, elle m'a demandé si je pouvais personnellement m'occuper de son dossier fiscal et légal. La commune cherchait à libérer son appartement et à l'envoyer dans un asile. Ce qu'elle refusait avec acharnement. J'ai engagé un service personalisé pour elle. Elle m'a signé un chèque important comme don, que j'ai décliné. Mais elle a insisté: "Ecoute Wolfgang, tant que j'ai encore la capacité de lire te d'écrire, je dois le faire car tu es en réalité ma seule famille. Mon frère, ma soeur et leurs enfants ne s'occupent pas de moi et attendent ma mort pour s'emparer de mes biens et de mon argent. En as-tu déjà un ici depuis ces années? Tu dois accepter mes dons sinon je n'aurai pas la conscience tranquille." Quelques semaines après, elle est décédée paisiblement dans son appartement.
Après l'enterrement, j'ai reçu des messages anonymes me traitant d'escroc, de voleur et de tous les noms, menaçant de me traduire en justice. La dame s'était arrangée pour le leur faire savoir en rangeant dans un tiroir toutes les dons qu'elle m'a octroyés. Elle avait à mon insu fait venir un notaire à qui il a déclaré qu'elle a opéré ces dons en âme et conscience. J'étais imparablement protégé contre les assauts de sa famille biologique. Voilà donc comment je suis devenu héritier d'une personne seule, sans enfants!" (Wolfgang T., email du 18 octobre 2020).
Ma réaction:
Wolfgang,
Merci pour ta contribution. Je savais que tu lisais mon blog, mais pas au point que tu me confies une telle confidence. C'est un scénario classique connu partout. En Europe comme en Afrique il voile et dévoile des secrets de famille. Les attitudes sont relativement semblables. Ces personnes seules sans enfants ou abandonnées - hommes ou femmes - affrontent ce défi seules. Certaines se battent dignement, d'autres deviennent des sans-domiciles fixes. Chacune gère sa situation en fonction de sa personnalité. Des héritages sont légués à des institutions religieuses, sociales ou à des causes de charité, de paix ou de maladie. Certaines personnes préfèrent dilapider leurs avoirs de peur de les voir attribués à des parents méchants ou indifférents. D'autres se débarrassent de tout par esprit de vengeance, de solidarité ou d'amour humanitaire. Tous les scénarios sont possibles. Merci d'avoir apporté ta contribution à ce débat si passionnant!
C
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